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Dorothée : Amoureuse du cinéma, fidèle à la TV

Télé 7 Jours – 13 Septembre 1980

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Non, je ne peux pas dire que « j'aie été une enfant martyr » reconnaît Dorothée. « Nous avons toujours été très unis dans la famille. Je n'étais pas vraiment gâtée, mais, disons, bien aimée.»
Lorsqu'elle a débuté à la télévision, en 1973, pour les émissions enfantines avec Jacqueline Joubert, puis en 1977 comme speakerine, son père, aujourd'hui décédé, sa mère, son frère aîné, tout le monde fut, non pas surpris (« quand j'étais enfant, je me déguisais tout le temps »), mais étonné. Dorothée en était alors à sa troisième année de licence d'anglais : elle envisageait une carrière dans le tourisme.
Son premier contact avec la télévision, grâce à Jacqueline Joubert, qui l'avait vu jouer dans une pièce d'amateurs, devait bouleverser ces projets. Celle qui n'avait pas de jeunes, avant, autour d'elle, ni petite sœur ni neveu, se voyait confier la tâche d'animer une émission destinée aux petits de trois à dix ans ; de chanter, de danser. « D'accord, dit- elle, j'ai toujours eu un petit côté clown. Mais la télévision, cela ne s'improvise pas. »


Une certaine complicité


Le cinéma aussi vint à sa rencontre, d'un seul coup, sans prévenir, par un coup de téléphone de François Truffaut : « Il faut dire qu'il travaille
souvent en regardant la télévision ». C'est ainsi que, il y a trois ans, elle tourna pour lui « L'Amour en fuite ».
Peu après, sur ses conseils, Robert Enrico l'engageait pour «Pile ou face » - sorti cet été sur les écrans. Elle y incarne une speakerine de la télévision régionale. Mais ce n'est pas le fond de son personnage. « Je suis surtout la voisine de H.L.M. de Michel Serrault, soupçonné d'avoir tué sa femme - une mégère. A ses yeux, je représente tout ce qu'il ne trouvait pas chez elle : je sors beaucoup, je suis gaie, j'exerce un métier moderne. De mon côté, je ne puis m'empêcher de le prendre en pitié. Une certaine complicité s'établit entre nous. »
Tout est donc bien parti pour elle ? Elle n'en est pas si sûre. « Je n'ai rien d'autre en vue au cinéma. Bien sûr, j'aimerais. Mais... »
Elle est réaliste : « De toute manière, je ne veux pas me disperser. On m'a fait des offres à la radio. J'ai refusé, au moins pour cette année. « Récré A 2 », c'est un très gros travail. »
Son métier de speakerine aussi, qu'elle conçoit sous un jour nouveau - dont la télévision avait bien besoin, « Finies les femmes-troncs immobiles. Avec le réalisateur, nous cherchons constamment des idées nouvelles, on nous laisse, du reste, une grande initiative. »
Or, elle est perfectionniste, fonceuse aussi. Par peur, peut-être, de n'être pas contente d'elle. « Et, ajoute-t-elle, je suis très timide, encore maintenant. »
Elle est franche aussi : << Et, si je n'ai pas vraiment mauvais caractère, je suis certainement susceptible et je supporte très mal l'échec, la critique. Je peux recevoir quinze lettres gentilles si la seizième me prend à partie, je reste tracassée. Je ne pense qu'à ça. »
Les critiques de sa famille, elles ne sont pas méchantes, parfois dures, mais toujours constructives: « Ma mère regarde toujours mes émissions; c'est elle qui me dit : « Ça, c'est drôle... Mais là, tu parlais trop vite, fais attention ». Sa grand-mère, elle aussi, suit tout ce qu'elle fait tout à l'heure, elle l'a appelée dans le petit studio où elle venait de faire son annonce.
Le succès de son disque, une sorte d'histoire merveilleuse, semée de chansons, fraîches, jolies, qu'elle a fait en équipe sous la direction de Michel Jourdan, lui a fait visiblement plaisir. « Nous allons en faire une émission pour Noël. »
Car c'est son succès auprès des enfants qui, finalement, semble l'encourager le plus. << Ils sont gentils, ils me reconnaissent, ils m'écrivent : « Dorothée, s'il te plaît chante-nous encore une chanson »


Rémy LE POITTEVIN

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