Bernard Mouillon - Photographe
Bernard Mouillon a photographié bon nombre de stars dont l’écurie des comédiens AB et bien sûr Dorothée. Il écrit, en 2011, « Nos idoles » dont voici un extrait.
Je suis triste... SALUT a été vendu, Florent et Jeanne sont partis plusieurs mois pour enregistrer leurs nouveaux albums et ma chère Andréa part s'occuper de Dorothée magazine chez AB productions. Elle me demande de la suivre. Hors de question ! J'écoute Billy IDOL à longueur de journée, alors les chanteurs pour enfants, j'ai passé l'âge. Elle me relance quelques jours plus tard en me suppliant de lui rendre un service: partir une semaine au Maroc avec DOROTHEE et ses 3 joyeux compagnons. - "Ça te fera des vacances, et si au retour, tu ne veux toujours pas, je n'insisterai pas". Je ne peux vraiment pas lui refuser, elle m'a appris mon métier.... Je pars donc avec toute l'équipe, et Jean- Luc Azoulay, le producteur. Dès l'aéroport, ce dernier me fait mourir de rire et pendant toute la semaine, il m'enchantera avec son humour et ses blagues. DOROTHEE est charmante et tous les 4 me facilitent le travail, ne refusant jamais une photo. Je passe une très bonne semaine. De retour à Paris, Andréa qui sait qu'il va encore falloir me convaincre, me demande avec son petit sourire malicieux d'aller faire un tour dans les couloirs des studios... Elle me connaît bien, et elle sait pertinemment ce qui va se passer. Je tombe nez à nez avec Christophe RIPPERT, puis Fabien REMBLIER, Camille RAYMOND et une ribambelle de jeunes plus beaux les uns que les autres. Il n'en faut pas plus pour le photographe que je suis... J'ai envie de tous les photographier. Andréa m'explique que Jean-Luc prépare une série pour adolescents et qu'il y aura beaucoup de prises de vues à effectuer. Elle a gagné, je reste ! Je ferai découvrir les USA à Christophe RIPPERT et Fabien REMBLIER m'apprendra à me servir d'un ordinateur. Quelques mois plus tard, je remarque un figurant particulièrement beau. Je lui demande s'il aimerait faire des photos pour des magazines et je lui propose de m'accompagner déjeuner au restaurant pour en parler. Une comédienne se joint à nous et pendant tout le repas, il nous dit, qu'un jour il sera chanteur et qu'il fera Bercy. Il est tellement sûr de lui que ça nous fait bien rire... Trois jour plus tard, Ariane me demande si je ne connais pas un beau garçon qui sait chanter; je lui donne le téléphone du jeune figurant et quinze jours plus tard, Anthony Dupray fera effectivement la première partie d'HELENE à BERCY... et enregistrera son premier disque...
Dans l'immense bâtiment d'AB productions, il y a un studio d'enregistrement de disques, plusieurs plateaux de tournages, y compris celui du célèbre JACKY SHOW et des endroits où plusieurs personnes construisent les décors des futurs tournages. Des menuisiers et des peintres travaillent jour et nuit. J'ai remarqué, depuis plusieurs jours, un garçon couvert de peinture avec un visage d'ange et des cheveux très longs. J'ai beau le harceler pour qu'il accepte de faire des photos, il ne veut pas en entendre parler. Je suis déçu et je dis à tout le monde, du casting à Jean-Luc Azoulay, qu'à la déco, il y a une bombe... Qu'elle ne fut pas ma surprise plusieurs mois plus tard en assistant au tournage du tout premier épisode d'HELENE ET LES GARCONS, de voir parmi les rôles principaux, Philippe VASSEUR la bombe de la déco... Mais celui qui retient toute mon attention et qui fait l'unanimité pour son jeu d'acteur, c'est incontestablement Sébastien ROCH. Etienne et Cathy décident de quitter l'aventure... Un mercredi, le club DOROTHEE reçoit une chorale. Tout en haut, caché derrière tous les chanteurs, un jeune homme se démarque. Tout le monde sur le plateau l'a remarqué. Je vais donc le voir à la fin de l'émission pour lui dire que j'adorerai le photographier. Il me dit qu'il n'est pas intéressé, qu'il est comédien. Je veux absolument une photo. Je lui propose donc de lui en faire une tout de suite pour la donner au casting. Il accepte et remplacera Etienne une semaine plus tard. Quelques jours plus tard, Sébastien COURIVAUD sera au centre de la folie à Cannes et me dira ironiquement tout au long la journée : « Bernard, tout ça c'est à cause de toi ».
JUIN 1993, Sébastien ROCH est le chouchou des jeunes filles, mais il ne se rend pas encore compte à quel point! Il va en faire la douloureuse expérience. Nous partons à 8 heures du matin en TGV pour Lyon où il est invité par une radio. Dix minutes avant l'arrivée, il me demande: "Tu crois qu'il va y avoir quelques filles à la gare? Et s'il n'y a personne à la radio?". Je suis comme lui, incapable de répondre à cette question...
Le train commence son entrée en gare. Le wagon de première classe où nous nous trouvons est presque vide, juste trois hommes d'affaires... Au fur et à mesure que le TGV avance on perçoit des cris stridents qui augmentent de plus en plus, avant de découvrir que le quai est noir de gamines hystériques sur toute sa longueur. Sébastien a la réponse. Il semble tétanisé. Les portes s'ouvrent, les hommes d'affaires essayent de descendre tant bien que mal. Sébastien met des lunettes noires en pensant, qu'elles ne le reconnaîtront pas. Si lui a compris la dangerosité de la situation, moi pas du tout. Tout à coup, une fille devant la porte l'aperçoit et se met à hurler de plus belle. Tout le quai se presse vers l'endroit d'où vient le cri, dans une dramatique bousculade. Sébastien complètement paniqué, prend ses jambes à son cou et traverse à toute vitesse trois rames pour descendre juste au niveau d'un escalier. Les policiers et les voyageurs présents dans la gare sont médusés de voir ces hordes de filles hurlantes courir après un garçon... Il voit une porte, l'ouvre et s'y engouffre en espérant pouvoir la refermer derrière lui. C'est une petite pièce, avec un guichet vitré et derrière celui- ci, un homme. En une minute la pièce est pleine, les filles se jettent sur Sébastien, l'embrassent, l'étranglent... J'ai réussi à le rejoindre, je ne sais toujours pas comment... On est tellement compressés, qu'on ne peut plus faire le moindre mouvement. Des filles commencent à se sentir mal. Le guichetier derrière sa vitre ne bronche pas, ne se demande même pas ce qu'il se passe et continue ses comptes, comme s'il ne voyait et n'entendait rien. Des filles commencent à pleurer et à suffoquer. On a beau supplier l'homme d'ouvrir la seconde porte, rien n'y fait, il fait le sourd. Sébastien, furieux, se met à hurler : "Non-assistance à personne en danger, vous savez ce que ça va vous coûter?". Finalement, la porte contre laquelle Sébastien est coincé s'ouvre, et des pompiers nous évacuent par un grand couloir dans une autre pièce. Le lendemain, nous partons à Bordeaux, pour une séance dédicace au Virgin mégastore. Un service d'ordre impressionnant a été prévu, augmenté au fil des heures par la direction, devant l'affluence phénoménale des jeunes filles qui ne cessent d'arriver, s'ajoutant à celles déjà arrivées la veille au soir. Nous sommes rentrés par une petite porte derrière le bâtiment et conduits dans une petite salle, où il n'y a qu'une centaine de personnes derrière des barrières. Si je suis un peu déçu, Sébastien lui est plutôt rassuré. Mais je me demande comment ces 100 gamines peuvent faire autant de bruit. Un responsable enlève un paravent, et nous découvrons sidérés, les cinq étages du magasin, noirs de monde.... Le magasin sera dévasté, pillé et tous les Virgin de France qui avaient prévu de le recevoir annuleront leurs dédicaces.