Dorothée : "Bonne fête maman et bonne fête grand-maman"
Télé 7 jours - 1985
Elle arrive de la Guadeloupe où elle a tourné des séquences pour Récré A 2 et pas du tout fatiguée par les heures d'avion, elle nous a entraînés à Bourg-la-Reine près de Paris, pour une fête des mères et des grands-mères, avant la lettre... « J'ai toujours été en avance sur mon temps, plaisante Dorothée, et puis le 2 juin, jour de la fête des mères, je suis la vedette de Macadam, sur FR 3. Alors... » Un grand sac dans une main, un bouquet dans l'autre, suivie de son petit Yorkshire, Roxan, elle traverse rapidement le perron du pavillon.
Maman a aperçu sa grande fille par la fenêtre. Baisers. Regards tendres. Dorothée sort de son fourre-tout un paquet entouré d'une faveur rose:
« Regarde ce que j'ai déniché pour ta collection! » Jacqueline Hoschedé découvre une paire de chiens en porcelaine blanche. Tandis qu'elle les dispose sur une étagère garnie de livres et met les fleurs dans un vase, Dorothée explique : « Je suis venue en avance, pour vous... Mais pour rien au monde, je ne m'absenterais de Paris le jour où l'on souhaite Bonne fête maman» et « Bonne fête grand-maman ». J'ai en effet la chance d'avoir, auprès de maman, ma grand-mère Eugénie, sa mère. Elles habitent chacune un pavillon, sont presque voisines et, pour un oui pour un non, se rendent visite. Grand-mère, qui a quatre-vingt-cinq ans, veut encore faire du vélo, mais on le lui a confisqué !
Mamie Eugénie a d'ailleurs tenu à préparer un petit repas de fête. Fine cuisinière, elle réussit comme personne le pâté de lapin. Mais ne cherchez pas les gâteaux. Personne, ici, ne les aime beaucoup ! Trois femmes, trois générations, très près les unes des autres. On s'embrasse, on bavarde, les rires fusent.
Dorothée a passé son enfance dans ce joli pavillon de banlieue, et c'est son refuge à elle. « Quand ça va, et quand ça ne va pas, je viens ici rire ou me faire consoler. Ma grand-mère
est une femme adorable, jeune d'esprit, plus moderne que moi. Je lui raconte mes joies, mes peines, elle me remonte le moral s'il le faut. Mais elle n'a jamais admis mon prénom d'emprunt. Je suis née Frédérique Hoschedé. Pour elle je reste Frédérique, ou même « Fred », pour simplifier ».
Rebaptisée ainsi par Jacqueline Joubert, responsable de toutes les émissions pour la jeunesse d'A 2 et qu'elle considère comme sa seconde maman, Dorothée-Frédérique a eu un peu de mal, au début de sa carrière, à faire accepter ce marrainage. « Mais je m'y suis faite,
assure sa mère. Je connais bien Jacqueline Joubert. Je sais tout ce que lui doit ma fille, et nous sommes devenues très amies ».
« Ma famille, c'est vraiment très important pour moi, réplique Dorothée. Entre ma mère, ma grand-mère et mon frère Jean-François, qui est documentaliste au CNRS, et habite ici toute l'année, je me sens protégée. Et je m'arrange pour venir le plus souvent possible les embrasser. Le plus souvent possible, mais pas assez à son gré. Dorothée, star de la télé, idole des enfants, est une fille courant d'air. Entre les tournages, les enregistrements, (et il y en a encore plus depuis que « Récré A 2 » a son spécial matin, le mercredi), elle n'a guère de temps pour se détendre en famille. Et côté cœur ? « J'ai une vie privée, dit Dorothée... Un jour, peut-être, j'en parlerai. Alors attendons ! Après le déjeuner Jacqueline Hoschedé apporte le café sur le balcon, tout embaumé du parfum des lilas. Mère et fille se ressemblent beaucoup !
« Dorothée était une enfant gaie et espiègle, dit Jacqueline. Je me souviens d'un certain jour où une demi-douzaine de petits suisses ont volé à travers la pièce ! » Sa fille détourne la conversation. « Rappelle-toi plutôt les jolis dessins et les poèmes que je t'offrais pour la fête des mères. Aujourd'hui, je te dédie ma carrière. »
Le téléphone interrompt soudain ce moment de bonheur. Dorothée soupire. On la réclame pour un tournage à la Foire du Trône. Il faut partir déjà. Derniers baisers. Signes de la main.
Derrière elle, sur le divan, Dorothée a laissé une petite poupée un peu défraîchie que sa mère a retrouvée dans un placard. « Mamie l'a habillée d'un costume bleu marine, réplique exacte de l'uniforme que portait ma fille à l'école Notre-Dame de Bourg-la-Reine », dit Jacqueline. Avant de partir Dorothée parle de « Macadam»: « C'est une émission musicale écrite par Pascal Danel. J'interprète neuf chansons. Je suis une institutrice de charme, enlevée par Pascal Danel au volant d'une superbe Delahaye 1956. Patrice Laffont est un inspecteur d'académie dragueur ».
Pendant qu'elle tournait « Macadam » en robes légères par un froid glacial, sur les routes normandes, Dorothée a appris une nouvelle qui lui a réchauffé le cœur. Le réalisateur américain George Lucas a souhaité qu'après la version française, Dorothée
enregistre la version anglaise des petits « Ewoks », chanson qui lui a permis d'entrer au « Top 50 ». « Le disque est un succès et les Américains vont le découvrir... J'espère qu'ils aimeront mon accent! Avec mon producteur, Jean-Luc Azoulay, j'en prépare déjà un autre pour tous mes petits amis », dit Dorothée...
Et, comme toujours, elle en réservera le premier exemplaire à maman et mamie qui, avec une Dorothée aussi dynamique, ont oublié de vieillir.
Lise GENET
Photos Alain Canu