Chantal Goya monte sur la Butte pour détrôner Dorothée
France-Soir – 19 janvier 1988
Le mercredi 3 février elles seront face à face sur A2 et TF1
Par Joseph-J. JONAS
Sa vie est un conte de fée. Elle-même est une fée. Une petite fée de quarante-deux ans qui ne grandit plus, ne vieillit plus. Qui chausse du 36 ; qui a deux grands enfants qui eux chaussent nettement plus grand. L'aîné, Jean-Paul, vingt ans, chausse du 45 ; Clarisse, dix-neuf ans, se botte en 38.
Générique sur la Butte
La maman, c'est Chantal Goya, le papa, cet ours barbu de Jean-Jacques Debout. Il avait commencé tout seul par astiquer les boutons. Dorés. (L'un de ses meilleurs titres). Avec sa femme donc il a écrit les textes de chansons, il gagne la guerre des boutons. Argentés. Quel effet ça fait d'avoir quarante-deux ans et de se promener sur la scène du Palais des Congrès, en « Soulier qui vole », dans « La Forêt magique », sur « Une planète merveilleuse » en partant
pour « Le Mystérieux Voyage de Marie-Rose », en attendant à la fin de cette année « L'Histoire du château hanté ? »
Elle en pleurerait. Mais elle y est habituée, Chantal Goya : « On ne fait pas dix ans de carrière si on n'aime pas les enfants. C'est impossible. »
C'est fini d'embêter Chantal ? C'est une petite fille en redingote de velours brun dont je suis devenu le cousin ; le cousin de la cousine Bécassine. Enfin, me voilà presque breton.
La chose s'est faite tout simplement sur la Butte Montmartre, là où elle tournait le générique de la prochaine arme de guerre d'Antenne 2 : une émission de Chantal Goya sur une idée de Jean-Jacques Debout, tous les mercredis, rien que pour contrer la Une qui triomphe avec Dorothée.
Sur la Une, ils peuvent crâner jusqu'au 3 février. Après, la chaine n'est pas responsable des gags qui n'ont pas été déposés à la caisse. Jean-Jacques Lorenzi, fils de Stello, illustrissime figure de l'école des Buttes-Chaumont, met en boîte, générique et histoire. On grelotte tous car il ne fait pas chaud. Chantal est dans son élément : la Butte, c'est aussi une histoire de lapin (agile). Il y a un petit garçon, Benoît Robert, huit ans, venu d'Allones (Sarthe) avec son papa tourneur chez Renault et sa maman, mère de graine de star, poil de carotte, taches de rousseur. Benoît a une frimousse qui mérite qu'on allume la télé rien que pour avoir envie de le croquer à la croque au sel.
Six agents en pèlerine se jettent sur lui. Il s'échappe, vagabonde sur la Butte, est perdu. Affolé. De la rue Saint-Vincent à la rue des Saules.
Jusqu'au moment où une belle dame ou une petite fille (nous nous sommes compris) dont les tout petits petits pieds sont emprisonnés surgit, le prend dans ses bras pour l'emmener dans son univers magique, où les souliers... où les planètes... où les lapins...