Bonheur au barbu François Corbier !
Télé Star - 6 août 1988
Dans le Club de Dorothée, on n'est pas pendu aux résultats audimat. D'autres sondages, plus sérieux, sont à l'ordre du jour : Faut-il couper la sempiternelle barbe rousse de Corbier ? Il y a les pour et les contre qui cohabitent à un poil près à 50/50 !
L'intéressé vient même de commettre un disque intitulé « Sans ma barbe », afin de faire pencher la balance de son côté et histoire de voir si les hit-parades n'ont rien contre les bien poilus. « C'est mon look de pitre- clown-chansonnier-argotique, plaide-t-il, ma marque de fabrique de marginal. » La cohabitation, aussi, d'une malice à couper au rasoir et d'un parler faubourien fleuri, qui rappelle que ce gars-là a passé son enfance du côté de la Bastille, en fait la coqueluche des petites têtes blondes.
Un « accessoire » heureux
Cet ennemi des blaireaux est le surdoué de service : « Pendant des mois, j'ai relevé le défi des gosses. Ils m'envoyaient deux rimes et, en dix minutes, je devais pondre un couplet refrain. Que feriez-vous rimer avec anticonstitutionnellement, vous ?» Heureusement Corbier a des références. Vingt ans de cabaret, de chanson minute improvisée sur les rimes lancées dans la salle. Un bon vieux truc de pro. « Depuis le jour où j'ai piqué la guitare de mon frère, ce qui est vilain, je n'ai plus cessé d'écrire et de me produire, tout en faisant mille et un métiers dont le
plus passionnant a été sans doute celui de livreur de casquettes ! » De l'Ecluse, aujourd'hui disparue, jus- qu'à l'Olympia, François
Corbier - un faux nom, car le vrai (Alain Roux) semble un peu trop proche de son plumage a été le champion de la « complainte- flash ». Un exemple ? « Je vous fais écouter "La chanson du marin en colère après la mer parce que celle-ci est démontée le matin où il neige autour de son embarcation", ça donne : "Flo-con". » Très drôle ! Il en fallait cinquante comme ça pour une demi-heure de répertoire... Un soir, une productrice est dans la salle. Jacqueline Joubert tire
Corbier de sa galère, l'engage comme mousse sur le bateau de Récré A2. « Moi qui n'avais paru qu'une fois à la télé en France et en vingt ans ! »
Heureux comme une roussette dans l'eau en membre actif du Club Dorothée, le facétieux n'en demande pas plus : « Je n’ai pas envie d'être animateur star. Je suis bien à ma place d'accessoire. » Rien à voir avec ce Jacky qui espère bien, lui, devenir bientôt maître du monde ! Les deux compères ont trouvé leur tête de Turc en la personne du très flegmatique P.S.J. (les initiés du Club comprendront) : « On peut lui préparer toutes les farces qu'on veut, sauf de lui annoncer que sa vieille Rolls vient d'être emboutie par un chauffard !». Même Dorothée n'est pas épargnée par les impitoyables. Corbier a fustigé en 45 tours – son nez qui, s'il avait été moins mignon, eut changé la face de TF1. Quant à Corbier, s'il n'existait pas il faudrait drôlement vite l'inventer. Vive le barbu !
M. DE M.