Dorothée, c’est musclé
Chambéry - 15 mars 1990
« Ça commence comme un tremblement de terre... ».
Dorothée et « Les Musclés » démarrent très fort. Dans une tempête de batterie et d'éclairs de projecteurs. Dans la salle, les enfants sont déjà en délire. Près de trois mille bambins avec leurs parents venus voir (?) la chanteuse, mardi soir au parc des Expositions. Si, si, c’est elle, là-bas très loin au milieu de la scène. On peut l'apercevoir en grimpant sur les épaules de papa ou sur une chaise.
En tout cas, ce sont bien ses chansons : « Docteur », « Une lettre par avion », « Attention danger » ...
Dorothée joue sur du velours ; ses fans connaissent toutes les paroles avant même de savoir lire. Ils ont déjà les disques, achètent « Dorothée magazine », la retrouvent le mercredi après-midi à la télé, connaissent le nom de son chien.
« Mais est-ce qu'elle s'arrête si elle a envie de faire pipi ?».
Pas d'inquiétude, elle sait se tenir pendant deux heures. En grande forme, elle est bien entourée par « Les Musclés » et quatre excellents danseurs. Le spectacle continue.
Petite fille tendre ou rockeuse énergique, elle change de look et de tempo sans temps mort, car les copains attendent. Les copains, c'est le public qui retient une larme en chantant « Nicolas et Marjolaine ». La séquence émotion.
On se demande vraiment ensuite « Où s'en vont les cœurs brisés ».
Attention, Dorothée aussi va partir. Il faut absolument se glisser dans la bousculade pour lui offrir ses fleurs. L'enfant est arrivé au pied de la scène, Dorothée prend la rose, lui sourit, l'embrasse, il est fou de bonheur. D'autres pleurent, ils n'ont rien eu. Pas même l'album, l'affiche ou la casquette à lumières clignotantes.
Fan qui pleure et fan qui rit…
Dernier rappel, dernier tremblement de terre et Dorothée S.A. se prépare à plier bagages. Deux semi-remorques et soixante techniciens, goodies », danseurs et musiciens qui seront demain à Clermont-Ferrand, avant Annecy et Grenoble à la fin du mois.
A Chambéry, on fait les comptes. La recette doit être bonne et l'on se dit qu'il y a vraiment un public pour ce genre de concert.
Sans doute, mais il est plus que temps aussi de trouver une solution pour présenter des spectacles avec une visibilité et une acoustique correcte, dans ce hall des expositions.
Les enfants, aussi, ont le droit de voir et d'entendre.
Jacques LELEU.
PHOTOS : Norbert FALCO. Sylvain MUSCIO.