Dorothée est magique
Nous deux – 2 juillet 1985
La carrière de Dorothée est unique. Elle nous réserve chaque jour une surprise. On la croit ici, elle est là-bas. On la croit sur une chaîne, elle est sur l’autre. Sa vie se déroule à un train d’enfer.
- Croyez-vous que j’aie le temps de faire des enfants ? lance-t-elle en guise de boutade.
Si elle n’a pas d’enfants, elle est, en revanche, la grande copine de millions de petites têtes blondes et brunes. Tout a commencé avec la télévision. C’était il y a dix ans. Elle abandonna son vrai nom, Frédérique Hoschedé, pour s’appeler Dorothée. À cette époque-là, elle affirmait à qui voulait l’entendre : « Je ne veux pas chanter. » Elle avait dix-neuf ans.
- Seuls les imbéciles ne changent jamais d’avis, dit-elle. Grâce au ciel, j’ai mûri.
Aussi, quand on lui a proposé d’enregistrer Rox et Rouky, la chanson du dernier Walt Disney, a-t-elle accepté de l’interpréter.
- Je n’avais aucune illusion. J’étais convaincue que ce serait un « bide ».
Dorothée manquait d’intuition féminine : Rox et Rouky s’est vendu à plus d’un million d’exemplaires. Et son dernier enregistrement, La Valise, a déjà atteint le score de deux cent mille exemplaires. Ce triomphe de Dorothée a une explication : après Chantal Goya, elle est devenue l’idole du premier âge, ce public imposant de fans, qui se situe entre quatre et douze ans et suit fidèlement toutes ses émissions à la télé. Mais comment pourrait-il ne pas être charmé par le visage espiègle et le sourire malicieux de la jeune vedette aux cheveux longs et raides et à la frange malicieuse ?
- Avec Chantal, explique-t-elle, nous ne sommes pas en concurrence. Nous avons le même public mais non le même répertoire. Elle chante des musiques douces. Moi, j’interprète des mélodies gaies. Seul point commun : elle et moi aimons les enfants. Et ils nous le rendent bien ! Ils nous considèrent comme leurs grandes sœurs et nous écrivent abondamment pour nous demander conseil.
Pourquoi plaît-elle tant aux jeunes générations ? Les psychologues fournissent une réponse. La voix de Dorothée a un timbre juvénile que les enfants perçoivent parfaitement. Le très sérieux Nouvel Observateur l’a surnommée « la Piaf des mômes ». Elle reçoit mille lettres par semaine.
- Les enfants me racontent leur vie. Je suis aussi la petite fille de beaucoup de grands-mères.
Et les parents ne se plaignent pas. « Elle ne bêtifie pas, elle fait du culturel sans en avoir l’air », déclare un père de famille. Le parcours de Dorothée tient en quelques lignes. Un concours de théâtre, à Versailles, quand elle est en terminale. Jacqueline Joubert, ancienne speakerine, fait partie du jury.
- Jacqueline est ma seconde maman.
C’est elle qui l’engage à la télé. D’abord à TF1. Elle est licenciée en 1976. Elle revient l’année suivante, mais à Antenne 2, et cette fois, comme speakerine. En 1978, elle lance « Récré A2 ». Le succès est assuré.
Depuis, elle a tourné avec Truffaut, avec Enrico, donné des centaines de galas, participé à des centaines d’émissions, et s’est produite sur la scène de l’Olympia.
- Je vis sur les nerfs, conclut-elle. Et quand la fatigue me terrasse, je m’écroule devant la télé avec du saucisson et du thé. Je travaille beaucoup, au feeling, en chat écorché.
Le petit chat se porte bien et n’a pas fini de nous épater !