top of page

Dorothée et les enfants : "Je rêve d'en avoir un à moi"
Le soir Illustré - 29 Décembre 1983

1983 - Son rêve  Devenir Maman (1).png
1983 - Son rêve  Devenir Maman (2).png

A la scène comme au petit écran, l’ex-speakerine d’Antenne 2 est devenue l’idole des gosses. Mais amuser les enfants des autres ne suffit plus à Dorothée, qui rêve de se marier et de fonder sa propre famille… lorsque sa carrière lui en laissera le temps !

Dorothée… il n’a pas fallu plus de cinq ans pour que ce petit bout de femme arrive à imposer son prénom tous azimuts. A la télévision, bien sûr, mais aussi et surtout à la scène et sur les pochettes de disques. Les gosses sont fous d’elle, apprennent ses chansons par cœur, font des pieds et des mains pour assister à ses spectacles. Dorothée superstar ? Presque ! En tout cas, son extraordinaire gentillesse et son air mutin un tantinet désinvolte ont déjà conquis des millions de petits cœurs.

Son dernier triomphe : le joli show de Noël d’Antenne 2 où, entourée de Michel Drucker, de Bernard Pivot et de Philippe Bouvard, elle a prouvé qu’on pouvait à la fois plaire aux enfants et séduire les parents… tout en se montrant irrespectueux de temps à autre. C’est qu’à force de travailler d’arrache-pied pour gommer progressivement les (petites) erreurs de ses débuts, Dorothée a fini par acquérir un extraordinaire sens du public. Nous nous en étions déjà aperçus lors de son passage à l’Olympia pour " Dorothée tambour battant ", nous en avons eu la confirmation en assistant, l’autre jour, à l’enregistrement d’une séquence de " L’académie des neuf ", au théâtre de l’Empire, pour A2 : les " moins dix " applaudissaient frénétiquement à chaque intervention de leur idole, ne se privant pas d’envahir le plateau pour réclamer une signature. Des réactions qui ne trompent pas… Cinq minutes plus tard, Dorothée, toute mignonne dans sa robe en angora rouge (" Mais elle me fait tousser ! ", avoue-t-elle avec un petit sourire), se relaxe dans sa loge, surveillée du coin de l’œil par Roxan, le minuscule Yorkshire qui l’accompagne partout.

- Si je me sens fatiguée ? Oui, un peu… Et l’après-midi ne fait que commencer : je dois encore régler un tas de problèmes dans le spectacle que je vis bientôt présenter au Champ-de-Mars, juste au pied de la Tour Eiffel. Un spectacle pour enfants, bien sûr, entièrement gratuit, offert par Antenne 2, Europe 1 et la mairie de paris, à l’occasion des fêtes. Voilà sans doute l’inconvénient majeur que rencontrent ceux qui chantent pour les gosses : nous sommes obligés de concentrer nos efforts sur les périodes de congés scolaires, de nous donner à fond pendant un laps de temps assez court…

 

Passionnée par les voyages


- Les enfants sont devenus votre public, votre passion… Mais comment avez-vous vécu votre propre enfance ?

Je m’en souviens comme d’une période très heureuse de ma vie. Papa était ingénieur et mélomane ; maman, qui vit toujours, n’exerçait aucune profession mais s’est toujours préoccupée de donner la meilleure éducation possible à mon frère et à moi-même. Rien ne me destinait, a priori, à une carrière artistique La télévision ? Nous n’en avions même pas à la maison ! Par contre, j’adorais lire, surtout des romans et des récits d’aventures, comme " Les Carnets du capitaine Cook ". Voyager a toujours été l’un de mes rêves : toute petite, je ne parvenais pas à m’imaginer exerçant un métier sédentaire, statique. Il fallait bouger ! Plus tard, je me suis orientée vers l’obtention d’une licence d’anglais afin de trouver un job dans le tourisme…

Cette licence, la jeune fille ne l’obtiendra pas. En 1971 – elle a alors 18 ans – Dorothée monte un spectacle théâtral avec quelques copains du lycée. Un coup d’essai qui sera récompensé par le jury du " Concours inter-lycées " : Dorothée se voit décerner le prix spécial d’interprétation. C’est à cette occasion qu’elle se fait remarquer par Jacqueline Joubert, l’une des responsables de la télévision française. " N’hésitez pas à venir me voir un jour ou l’autre. Je sens que vous êtes faite pour la télévision ! " Un conseil que la future vedette suivra 3 ans plus tard, en se faisant engager pour animer les fameux " Mercredis de la jeunesse ". Adieu, licence d’anglais !

Dorothée est bien partie. Mais, après les " Mercredis ", elle va subir un échec avec l’émission " Réponse à tout ", qui ne correspond ni à ses goûts, ni à ses aptitudes. Un directeur peu clairvoyant lui lance un cinglant " Vous n’êtes pas télégénique "… Huit mois de chômage. Dorothée en profite pour suivre les cours de danse et de claquette. Le découragement, l’amertume, connaît pas ! Jacqueline Joubert la contacte à nouveau, lui demande de se présenter au concours des speakerines d’Antenne 2. La suite est connue, du moins dans ses grandes lignes…

J’ai d’abord présenté " Dorothée et ses amis ", puis, en 1978, " Récré A2 ". Puis, je me suis mise à enregistrer des disques pour les enfants, un public pour lequel je désirai travailler depuis mes débuts.

Animatrice, speakerine, comédienne… Notre interlocutrice ajoutera très vite une quatrième corde à son arc : comédienne. François Truffaut, frappé par sa présence au petit écran, fait appel à elle pour "L’amour en fuite ". Un an et demi plus tard, Robert Enrico l’inscrit au générique de " Pile ou face ", avec Noiret et Serrault. Les évènements se précipitent, s’entrecroisent.

" Dorothée au pays des chansons " et " Dorothée et ses amis chantent.. ", 2 albums pas comme les autres en ce sens qu’ils parlent aux enfants un langage à la fois fantaisiste et intelligent, vont se vendre comme des petits pains. En avril 1981, la jeune femme " fait " son premier Olympia, entourée d’une trentaine de musiciens et de chanteurs. C’est un tabac ! Chantal Goya sait qu’elle n’est plus seule en piste… Puis, ce sera le spectacle " Dorothée tambour battant ", et tout récemment " Schtroumpfs ", très réussi, lui aussi.

Nous évoquions Chantal Goya : Dorothée la considère-t-elle vraiment comme –le vilain mot ! – une concurrente ?

- Absolument pas ! Pour la bonne raison que nous ne nous adressons pas aux enfants de la même manière et que, de toute façon, nous ne sommes pas trop de deux pour amuser un public aussi vaste… Cela dit, il m’arrive d’assister aux shows de Chantal et je sais qu’elle regarde parfois les miens. Nous nous entendons parfaitement bien.

-Voyez-vous une différence entre la Dorothée de la scène, qui sourit aux enfants, et la Dorothée de tous les jours ?

- Franchement, non. Je ne joue pas Dorothée pour le public, je me montre moi-même, telle que je suis vraiment. Vous savez, les enfants comprennent très vite si vous êtes sincère ou si vous ne l’êtes pas… Si je me suis levée de mauvaise humeur, si je ne me sens pas tout à fait dans mon assiette, je n’essaie pas de trop frimer. D’ailleurs, les gosses se chargent de me faire la remarque : " Dis, t’es pas bien, aujourd’hui ! " Mais, d’une manière générale, je trouve que les enfants se montrent très tolérants, plus compréhensifs que le public adulte. Si une grande personne aborde une vedette en rue pour lui demander un autographe et qu’il essuie un refus, il va râler sans tenir compte du fait que le chanteur ou l’acteur en question est peut-être très pressé, qu’il a de bonnes raisons d’agir ainsi. Le gosse, c’est le contraire : il m’est déjà arrivé – c’est rare, mais tout de même…- de refuser une signature par manque de temps et d’entendre le petit dire : " Ce sera pour la prochaine fois ! "

Aimable, sympathique, Dorothée avoue cependant posséder en elle une certaine dose d’agressivité…

Disons que je n’aime pas m’en prendre aux gens pour le seul plaisir de les ennuyer. Mais ceux qui m’agressent verbalement reçoivent en général la monnaie de leur pièce ! Pas question de me laisser faire ! Il m’arrive aussi de m’énerver pendant la répétition d’un spectacle, mais uniquement pour essayer de faire bouger les choses, certainement pas pour embarrasser l’un ou l’autre membre de l’équipe.

Appréciez-vous la vie de famille ?

- Beaucoup. J’aimerais me marier et élever des enfants, mais ma carrière me mange encore beaucoup trop de temps et d’énergie pour que je puisse sérieusement y penser pour le moment… Mais je me sens très " famille ", oui : je vois très souvent ma mère – qui est d’ailleurs mon critique le plus sévère – et ma grand-mère. Il est bon de retrouver les siens, de parler avec eux. Je peux vous dire que mes parents m’ont toujours soutenue à fond, même lorsque j’ai abandonné mes études pour entrer à la télévision. Ce sont des choses qui ne s’oublient pas.

Pour l’instant, Dorothée ne signe ni la musique, ni le texte de ses chansons. Elle se contente en général de suggérer aux auteurs certains sujets et, comme elle dit, " mettre mon grain de sel lorsque tout est terminé "…

… Mais il est évident que tous mes collaborateurs travaillent grosso modo dans une même ligne. Je me refuse absolument à adopter des textes du genre " le petit lapin bleu avec ses grandes oreilles roses la la la " ! Je ne vois vraiment pas pourquoi certains se croient obligés de parler aux gosses un langage de débile mental. L’enfant n’est pas idiot : il est parfaitement capable de comprendre des phrases intelligentes, pourvu qu’elles soient adaptées à son âge. Quant à écrire moi-même mes chansons, je n’ose pas y songer : je suis trop feignante !

- A-t-il été facile de décider Drucker, Pivot et Bouvard à se transformer en acteurs ?

Aucun problème ! Tous ont été enchantés par cette idée… et pivot a enfin pu prouver qu’il avait une jolie voix ! A Antenne 2, tout le monde se serre les coudes. C’est vraiment la chaîne où les gens se sentent les plus solidaires les uns des autres.

Jusqu’à présent, la jeune vedette n’a pas encore trouvé l’occasion de présenter l’un de ses super-shows dans une salle belge : voici quelques mois, des difficultés de dernière minute l’ont empêchée de se produire à " Forest-National ". Mais ce n’est sans doute que partie remise…

J’adore le public belge, que j’ai eu l’occasion de découvrir lors de passages à la RTBF, pour " Lollipop " notamment : je trouve les enfants plus spontanés chez vous qu’à Paris, par exemple.

Et puis, LA grande question : Dorothée est-il son véritable nom ? Jusqu’à présent, l’idole des enfants avaient soigneusement évité de répondre. Mais on ne peut rien cacher au " Soir illustré ".

- Bon… En réalité, je m’appelle Frédérique. Comme il s’agit, du moins euphoniquement, d’un prénom asexué, j’ai pensé qu’il valait mieux trouver quelque chose de plus typiquement féminin. Quelque chose comme Cunégonde ou Proserpine, vous voyez ? (Elle a un grand sourire.) Et puis, je me suis décidée pour Dorothée, que je trouvais vraiment mignon et que je considère aujourd’hui comme mon véritable prénom !
Ne le répétez pas à vos enfants…

Michel Marteau

1983 - Son rêve  Devenir Maman (3).png
1983 - Son rêve  Devenir Maman (4).png

Une scène de son show de Noël, avec Philippe Bouvard dans le rôle du puissant imprésario. « A Antenne 2, tous les animateurs se serrent vraiment les coudes ! », explique Dorothée.

Les gosses (et même certains parents…) se bousculent pour obtenir la signature de Dorothée, lors d’une séance de dédicaces dans un supermarché parisien.

1983 - Son rêve  Devenir Maman (5).png
1983 - Son rêve  Devenir Maman (6).png

Une image sympathique : elle reçoit la visite de deux jeunes fans dans sa loge, après le spectacle

« Je suis restée très attachée à ma famille » nous a confié Dorothée, que l’on voit ici en compagnie de sa grand-mère et de sa maman, ainsi que de Olive et Sidonie, les deux scottish-terriers de cette dernière.

1983 - Son rêve  Devenir Maman (7).png
1983 - Son rêve  Devenir Maman (8).png

Un sympathique clin d’œil de la vedette à nos lecteurs…

bottom of page