Dorothée et les ombres
Télé Poche – 12 Août 1981
Allo! Cognacq- Jay ?... Je voudrais parler à Dorothée. Ne quittez pas, je vous passe la cabine speakerine. Bonsoir Dorothée. C'est Télé-Poche à l'appareil... Aimeriez-vous tourner un roman-photos pour nous ? Il y eut un petit silence puis cette double exclamation: Oh, formidable! Formidable !... Je vous dis oui tout de suite parce que c'est une expérience nouvelle pour moi et j'adore tout ce qui est nouveau... Et puis, ce qui est formidable aussi c'est votre coup de téléphone à pareille heure, en cabine speakerine, qui me rappelle un coup de fil assez semblable un soir de septembre 1978. C'était François Truffaut qui me demandait à brûle-pourpoint: « Voulez-vous faire du cinéma ? »
Et c'est ainsi que démarra le roman-photos qui commence aujourd'hui dans Télé-Poche avec Dorothée pour vedette: « Dorothée et les ombres ».
« Dorothée et les ombres », c'est l'histoire d'un héritage, celle aussi d'une vieille maison qui échoit à Dorothée par une mystérieuse disposition testamentaire mais dont la possession va se révéler pleine d'embûches.
- Je n'ai jamais hérité de ma vie, précise tout de suite notre héroïne. Sauf d'une cafetière sans couvercle léguée par une vieille tante. Mince héritage pour cette arrière-petite-nièce du grand peintre Claude Monet. Mon vrai nom de famille est Hoschedé et l'épouse de l'illustre Monet s'appelait Blanche Hoschedé... Hélas, je n'ai pas la plus petite toile de mon célèbre et génial grand-oncle.
Par roman-photos interposé, voici donc Dorothée, héritière en puissance, convoquée chez le notaire. Bien sûr, elle s'est refusée à nous en dire plus « pour ne pas enlever aux lecteurs le plaisir du suspense... »
Le village où nous avons tourné s'appelle Lumières. L'arrivée de toute l'équipe a apporté une manière de petite révolution. Quand les enfants se sont aperçus que j'étais la vedette du tournage et que mon équipe habituelle de Récré A2 y participait, la fête a commencé.
D'autant plus que Mario Padovan notre réalisateur a été formidable d'invention, de drôlerie et de gentillesse. Je n'ai vraiment pas fait de différence avec le cinéma: c'était en réalité, un film qui se tournait. Tenez, je vais vous faire un aveu: j'aurais aimé être une des « Drôles de dames » dans la célèbre série américaine de la télé. Elles sont tour à tour chanteuses, danseuses, ce qui ne les empêche pas de faire du judo et du karaté. Et bien c'est un peu ce que j'ai fait avec Mario Padovan et son équipe. A un certain moment, par exemple, je dois donner un coup de poing à un personnage peu sympa de l'histoire, un costaud impressionnant. Je vous assure que, stimulée par la fougue du réalisateur, je l'ai fait avec une telle conviction que le comédien n'a pas souhaité recommencer la séquence!
Dans la vie, Dorothée est quelqu'un de très réservé mais dès qu'elle est sur scène ou devant des caméras « il faut que ça bouge, et qu'elle
s'amuse». C'est peut-être parce que je suis née un 14 juillet, un jour où il y a de la joie, de la danse et des pétards, assure-t-elle... En tout cas, la bonne fée du spectacle devait participer ce soir-là à la fête générale.
Toute jeune j'aimais le spectacle, confirme Dorothée. Et c'est en me voyant interpréter une pièce que j'avais montée au lycée qu'une autre bonne fée m'a ouvert les portes de la télévision: Jacqueline Joubert. Elle vient encore de demander d'animer le jeudi à 17 h 50 à partir du 7 septembre « Discopuce » et d'y chanter des chansons traditionnelles en même temps que j'en raconterai l'histoire. Je viens d'ailleurs d'enregistrer un premier disque de vingt-huit de ces airs du temps passé, des comptines et des rondes, avec tous mes amis de Récré A2. Nous sommes persuadés que les mamans qui n'ont plus le temps d'apprendre ces airs de toujours à leurs enfants seront ravies de les retrouver groupés sur un disque. Pour l'heure, Dorothée parcourt la France avec ses quinze musiciens et ses onze danseurs pour présenter « Dorothée au pays des chansons », la comédie musicale qui a fait un malheur à l'Olympia pendant les vacances de Pâques.
La petite fée de Récré A2, qui n'est pas à un prodige près, a franchi la lucarne du téléviseur pour venir à ses innombrables « fans ».
- Je suis submergée de courrier! Quelque 3000 lettres! L'une d'elles ne moins de fait pas soixante-huit pages... On me pose des questions de toutes sortes. Par exemple, mon disque-album «Candy raconte à Dorothée» a souvent provoqué celle-ci : « Est-ce que Candy est ta sœur ? ».
Plus important encore: mes jeunes correspondants sont persuadés que je suis la patronne de la télé et que c'est moi qui décide des programmes. Dieu merci, j'ai suffisamment d'occupations comme cela.
Il est vrai que Dorothée est présentatrice, que Dorothée est animatrice, que Dorothée est chanteuse, que Dorothée est comédienne. C'est une jeune personne très occupée.
Sans parler des aventures de tous ordres que vont lui occasionner le roman-photos « Dorothée et les ombres» dont vous allez découvrir les premières images pages 130 à 133.
Une vieille maison va entrer dans la vie de Dorothée avec son cortège de souvenirs... Mais il se passe des choses bien curieuses dans cette demeure du temps passé.
Le voisin de Dorothée apparait quelquefois par-dessus le mur mitoyen pour tenir d'étranges propos à la nouvelle propriétaire.
Dans le village où a été tourné le roman-photos, la présence de Dorothée a constitué un événement. Déguisée en vieille dame pour les besoins du scénario, elle a improvisé avec Mario Padovan notre réalisateur, un petit spectacle qui a fait la joie des enfants.
Toute l'équipe de « Récré A2 » a participé au tournage et Cabu en a profité pour exercer ses talents de dessinateur humoriste.
A la fin du tournage et en manière de dédicace, voici le dessin qu'a réalisé Cabu sur le livre d'or du studio: Mario Padovan, prince florentin, entouré de toute sa cour d'assistants.
Jusqu'à fin août, Dorothée présentera en tournée à travers la France « Dorothée au pays des chansons ». Elle s'envolera ensuite pour Hollywood où elle enregistrera un disque-album dans les studios Walt Disney.