Dorothée : « Je n’ai pas envie de choisir entre le cinéma et la télévision ! »
Femmes d’aujourd’hui – 18 juin 1980
Elle présente les programmes d'Antenne 2. Elle anime « Récré A2 » tous les mercredis après-midi, une émission pour ces jeunes dont elle est à la fois un peu la grande sœur et incontestablement l'idole. Elle joue aussi la comédie dans « Volte-face », le dernier film de Robert Enrico qui sortira sur les écrans en août, aux côtés de Philippe Noiret et de Michel Serrault. Et voilà qu'elle chante. Elle vient en effet d'enregistrer un 30 centimètres en forme de conte musical, « Dorothée au pays des chansons ». (1)
Car elle, bien sûr, c'est Dorothée, farfadet blond au sourire espiègle, au regard limpide, au charme qui dose harmonieusement force et fragilité, autorité et douceur. « A priori, chanter ne me tentait pas, avoue-t-elle. Et puis, malgré tout, j'ai eu envie de tenter l'expérience ». Rapidement d'ailleurs, l'entreprise se révéla captivante.
« Tout le monde s'est passionné pour ce projet et on a tous travaillé avec beaucoup d'enthousiasme », dit-elle en ajoutant qu'elle n'a pas l'intention de persévérer dans la chanson, mais qu'elle espère tout de même bien voir ce disque devenir une comédie musicale à la télévision pour les fêtes de fin d'année. Pour elle, tout tourne autour du petit écran et tout y revient. Jusqu'au cinéma puisqu'elle est speakerine régionale dans « Volte-face », son second film après « L'amour en fuite » de François Truffaut.
« En tournant avec Truffaut, je réalisais un rêve de petite fille. A ce moment-là, j'ai vécu dans une bulle de cristal. Mais sur le film d'Enrico, en vivant vingt-quatre heures sur vingt-quatre durant trois mois avec une équipe, les prises de vues se déroulant à Bordeaux, j'ai mieux compris ce qu'était le cinéma ».
Une prise de conscience qui lui fait dire qu'elle aimerait « continuer à faire du cinéma mais sans abandonner la télévision... En fait, je n'ai surtout pas envie de choisir ».
Son rôle dans ce film ? « Une jeune femme moderne, dynamique, témoin dans une enquête
policière... » Une jeune femme qui lui ressemble et pourrait bien, comme elle, s'en remettre souvent aux mains de ce hasard qui la fit entrer, voici sept ans, à la télévision.
Au lycée, elle faisait du théâtre en amateur et, lors d'un concours inter-lycées, elle fut remarquée par Jacqueline Joubert. Quelque temps après, celle-ci proposait à la jeune fille (qu'elle baptisa Dorothée) d'animer quatre heures d'émission en direct avec des enfants. Elle
accepta et, d'emblée, son public enfantin fut conquis. « Les enfants sont vraiment étonnants. Je leur parle sans préjugé, je les traite en grandes personnes, sans bêtifier, et c'est ce qu'ils attendent. D'où cet accord entre eux et moi ».
Trop dynamique pour se sentir tout à fait à l'aise dans son rôle de femme-tronc, elle admet qu'une speakerine n'a guère l'occasion de « s'éclater ». « Mais il y a souvent des imprévus et c'est le côté intéressant ». Ce qu'elle aime aussi à la télévision, quand elle anime ses « Récré A 2 », c'est le direct, le risque, « se débrouiller seule ».
Et à vingt-six ans, avec un talent aussi spontané qu'indiscutable, Dorothée est en train de se faire un nom avec son prénom. Même si elle se refuse encore à faire des choix définitifs.
Ses multiples activités lui laissent-elles le temps d'avoir des loisirs et une vie privée ? « Avec tout ce que je fais, je n'ai guère de temps de libre... Je prends des cours de danse, mais irrégulièrement. Quant à ma vie privée, ça c'est mon coin réservé ». Et elle dit cela avec un tel sourire que l'on aurait vraiment mauvaise grâce à insister.
CHRISTIAN GONZALEZ