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Dorothée, la femme-enfant

Quotidien du dimanche – 23 juin 1991

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Elle est la copine de nos chères têtes blondes, mais sa réputation dépasse largement nos frontières. Sollicitée en vain par les chaîne américaines, Dorothée est devenue une vraie star en Chine, et pas seulement auprès des enfants. Marathonienne de la télé, son Club Dorothée est incontournable. Mais la frêle jeune femme est aussi une bête de scène qui pense déjà à son Zénith en 92, tout en collectionnant les disques d'or.


DOROTHEE, ou plutôt Frédérique, son nom de baptême, est née à Paris le jour de la fête nationale. Enfance sans problèmes avec une éducation sévère, ce dont d'ailleurs elle ne se plaint pas, à Bourg-la-Reine, avec ses parents et ses frères. Bonne élève, elle fait aussi partie de la chorale de l'école de Notre-Dame, étudie le piano, en bonne petite fille modèle, et obtient même un troisième prix au concours Nerini, réservé aux débutants.

Elle prend aussi des cours de danse, mais se fait renvoyer car elle a tendance à faire le clown et à dissiper ses petits camarades. Il y a du garçon manqué sous le sage et frais minois : Je jouais plus souvent aux cow-boys et aux indiens, ou à Zorro qu'à la poupée ». Bien que timide, la gamine a déjà du tempérament : « De le 6ème à la terminale, j'ai été chef de classe. A Bourg-la-Reine, j'étais chef d'une bande exclusivement composée de garçons plus âgés que moi »


La jeune Frédérique continue ses études jusqu'au bac philo, tout en goûtant au spectacle au sein de son collège. Elle participe ainsi à l'adaptation moderne des Caprices de Marianne d'Alfred de Musset, pièce présentée au concours inter-lycées organisé par Mme de Tassencourt, directrice du théâtre Montassier de Versailles. Jacqueline Joubert fait partie du jury et est impressionnée. Malgré cela, Fred passe son bac et songe finalement à une carrière dans le tourisme plutôt que l'archéologie, sa première idée. Elle poursuit une licence d'anglais à Censier quand Jacqueline Joubert la rappelle et lui propose d'animer les « Mercredis de la jeunesse ». Viennent ensuite « Les visiteurs du mercredi », mais l’aventure se solde par un renvoi : « Vous n'êtes pas faite pour animer des émissions pour enfant lui dit-on (!?). Mais Dorothée a attrapé le virus de la télé. Après quelques mois de chômage et de petits boulots, retour à la lucarne magique en tant que speakerine puis animatrice d'émissions pour la jeunesse.


On connait la suite. De Récré A2 au Club Dorothée, la fée blonde s'est installée dans l'univers des enfants, transformant en or tout ce qu'elle touche, déplaçant les foules et remplissant les salles à chacun de ses spectacles. En vraie professionnelle, Dorothée est toujours à l'écoute de son public qu'elle entend traiter avec tout le respect qu'il mérite : « Je n'ai jamais traité les enfants comme des débiles dit-elle, ce sont des petits êtres exigeants et sévères... il ne faut pas croire que le public enfantin est complaisant. On peut tout faire avec eux, se déguiser, eux, chahuter, chanter, mais attention, ils jugent !».


Attentive à tous leurs désirs. Dorothée sait très bien où est sa place : « Je suis leur amie, ni leur mère, ni leur sœur, ni leur maîtresse d'école. Je les fais rire, ils aiment cela. Pour les plus petits, je suis une copine qui entre et qui sort du poste »,
Une copine qui sais écouter : « Les enfants nous donnent sans cesse et des idées et leur avis Ce sont eux les patrons » Pour satisfaire leur exigence, Dorothée suit son instinct : « Lorsque je choisis des feuilletons pour le Club Dorothée, je me fie à mes intuitions. Je privilégie ce qui me touche, mais ensuite, ce sont les enfants qui jugent et décident ». Et ils ne s'en privent pas, lui envoyant quelque 5 000 lettres par jour et usant joyeusement du Minitel.


Mais que fait donc l'infatigable madone des gamins entre deux émissions et deux galas ? Quand elle ne rend pas visite aux enfants malades avec toute sa fine équipe, elle reste tout simplement chez elle à regarder la télé ! « Si vous allumez un poste devant moi, je peux rester des heures à regarder les programmes, surtout les séries… Quelles que soit l’heure à laquelle je rentre, je regarde un bout d’émission ». Les secrets du succès de Dorothée ? L’amour du métier et une fraîcheur d’âme authentique : « Pour moi, c’est toujours pareil. Je ne me sens pas grandie, pas vieillie. Dans la tête j’ai toujours quatre ans. »

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