Dorothée : le livre
1994
[L'enfance]
Est-ce un signe du destin? Dorothée naît un 14 juillet à Paris à 22h45...juste au moment où s'envolent vers le ciel les fusées multicolores du feu d'artifice célébrant notre fête nationale.
Est un autre signe du destin? La maternité ou elle pousse son premier cri s'appelle la clinique des Belles-Feuilles.
Son père, ingénieur, invente de nouveaux procédés de thermoformage. Mais il a failli chanter dans l'orchestre de Ray Ventura. Hélas, ses parents s'y sont opposés.
Sa mère occupe la position fort respectable de femme au foyer, elle élevait déjà Jean-François, le grand frère de Dorothée. Passionnée par la couture, elle est ravie d'avoir une fille; cela lui donnera l'occasion de lui confectionner les adorables petites robes dont elle rêve...Toute la famille habitait une jolie maison à Bourg-la-Reine, dans la banlieue parisienne.
Enfance sage d'une jeune fille sage, avec tout ce qu'il faut de bonnes manières et d'éducation. Dorothée prend des cours de danse, apprend le piano...Toutes ses études, de la maternelle au bac, elle les fera au collège Notre-Dame de Bourg-la-Reine, comme toutes les vraies jeunes filles de bonne famille. C'est une élève parfaite...mis à part le fait qu'elle se fait exclure du cours de danse parce qu'elle dissipe trop ses petites camarades en faisant le clown!
Elle est douée pour la musique. A onze ans, elle obtient le troisième prix du concours Nereni, un célèbre concours pour débutants en jouant une sonate de Mozart au piano...
Cliquez pour agrandir l'image. Elle adorait sa grand-mère Eugénie, qui la fascinait quand elle faisait la cuisine. Eugénie était en effet un véritable cordon-bleu. Elle avait l'art et la manière de préparer avec trois fois rien de ces petits plats dont tout le monde se régalait. On ne pouvait pas la prendre au dépourvu. "J'arrive avec quatre ou cinq copains." "Pas de problème" disait mamie, "je me débrouille." Et elle faisait mieux que se débrouiller: en quelques minutes, elle organisait un véritable festin. Auprès d'elle, Dorothée jouait l'apprenti marmiton, épluchant de l'ail, coupant les légumes en petits dés, préparant des sauces...Elle avoue aujourd'hui qu'elle aurait aimé être une grande cuisinière. Et que la joie et le dynamisme de sa grand-mère viennent souvent lui remonter le moral.
Ses vacances se passent en famille, en Bretagne, chez la marraine de sa maman. Elle aime l'océan, les vagues, l'odeur iodée de l'air. Elle raffole des longues balades au bord de la mer... Elle découvre avec Jean-François, son grand frère, un château abandonné qui domine l'océan et qui semble tout droit sorti d'un conte de fées... Elle s'invente des aventures, croit découvrir des fantômes, se perd dans les couloirs... C'est son domaine secret.
Elle correspond avec une jeune Anglaise de son âge, Sue. Elle a treize ans quand, pour la première fois, elle va passer ses vacances d'été chez elle, dans le Surrey. Elle y découvre Cliff Richard, les Beatles, Simon and Garfunkel, les Rolling stones... Elle se prend de passion pour le rock ‘n roll, sans penser, que quelques années plus tard, elle en sera l'une des reines!
L'année du bac, elle monte une petite troupe de théâtre à l'intérieur de son collège. Elle écrit l'adaptation moderne d' "Un caprice de Musset". Et miracle, ell est remarquée par l'un des membres du jury, alors responsable des programmes jeunesse à la télévision...
C'est ainsi que, un an plus tard, Dorothée se retrouve pour la première fois de sa vie en direct sur la première chaîne pour animer les premiers mercredis de la jeunesse en compagnie d'une marionnette prénommée "Blablatus".
Elle est lin de se douter qu'elle s'est engagée sur le long chemin qui la mènera à la gloire.
[Les débuts]
Avec Blablatus, son premier partenaire, Dorothée découvre les émois du direct. Les mains qui tremblent, la bouche qui devient sèche, les phrases que l'on savait par cœur et qui brusquement semblent s'être évanouies de votre esprit... Toutes les angoisses, toutes les peurs, toutes les terreurs. Mais aussi tout le plaisir de savoir que l'on parle à des millions d'amis que l'on ne connaît pas. Elle est irrémédiablement atteinte par le terrifiant et merveilleux virus qui s'appelle télévision.
L'année suivante, Eliane Victor et Christophe Izard prennent la direction des émissions jeunesse de TF1. Ils proposent à Dorothée d'animer "Les visiteurs du mercredi". Ses premiers invités s'appellent Alain Souchon, Daniel Balavoine. Elle découvre l'univers de la chanson, et, sans trop savoir pourquoi, elle se sent attirée, presque fascinée. Tout le monde est gentil avec elle. Les chanteurs lui confient leurs angoisses, lui parlent de leurs joies, lui entrouvrent les portes d'un autre monde.
Hélas, quelques mois plus tard, quand elle passe prendre son texte le mardi soir pour préparer l'émission du lendemain, elle s'entend dire par un assistant désolé : "Ma pauvre chérie, tu n'es pas au courant? Tu ne fais pas l'émission de demain". Personne n'a osé la prévenir que les responsables l'ont jugée "pas du tout faite pour présenter des émissions pour la jeunesse". Les portes du rêve se referment brutalement devant Dorothée.
Elle a vingt ans et se retrouve du jour au lendemain au chômage, avec pour seul bagage un bac philo puisqu'elle a interrompu ses études d'anglais pour avoir le temps de présenter ses émissions. Ce n'est pas vraiment dramatique puisque, en vraie jeune fille sage, elle habite; encore chez ses parents, mais elle ne veut pas être à leur charge. Et puis elle a besoin de faire quelque chose. Dorothée se fait embaucher comme serveuse dans un café au Quartier latin. Elle fait des animations dans les supermarchés, prête sa voix aux promotions d'un centre commercial...
Finalement, elle décide d'avoir un vrai métier. Elle prend des cours de dactylo. Et la voilà secrétaire dans une société de robinetterie. "Les pauvres!" dit-elle encore aujourd'hui en riant.
Mais le virus ne l'a pas quittée. Ses heures de loisir, elle les passe dans les coulisses de la télévision comme une petite souris curieuse qui veut savoir ce qui se passe. Elle a de la chance, elle a encore quelques copains qui la laissent entrer sur les plateaux magiques ou se tournent "Ring Parade", "Cadet Rousselle"
A force de la voir, un directeur photo lui propose d'être doublure lumière sur les "rendez-vous du dimanche" de Michel Drucker, c'est à dire qu'elle devra se tenir sur la scène, à la place des vedettes, pour permettre aux techniciens de régler les projecteurs. Dorothée accepte. Au moins; elle fait de nouveau partie de cette famille du spectacle qu'elle aime tant.
Les yeux grands ouverts, elle n'arrête pas d'apprendre : le rôle de chaque technicien, les impératifs de chaque tournage..., tout ce qu'un animateur a ordinairement très peu de chances de découvrir dans sa carrière.
Un jour, elle apprend qu'il y a un concours pour devenir speakerine sur Antenne 2. Ses copains la poussent à se présenter. "Vous croyez?" demande timidement Dorothée. "Mais oui! Qu’est-ce que tu as à perde?" "D'accord" répond-elle. Elle passe les essais, et devient co-animatrice du jeu "Réponse a tout". Le producteur Henri Kubnick a été séduit par sa fraîcheur et sa spontanéité. Cela durera une saison. Et puis, de nouveau, le chômage... Ce n'est pas simple la télévision...
Nouveau concours de speakerines l'année suivante. Dorothée y retourne, elle a le trac... "Qu'est-ce que je fais là?" se demande-t-elle en voyant les autres candidates, qui mesurent un mètre soixante-quinze et qui semblent tout droit sorties de gravures de mode. "Bon...Après tout j'y suis, allons-y!" Elle passe les essais, se trompe dans son texte, bafouille, se rattrape d'un éclat de rire... et se retrouve speakerine un mois après...
Elle n'a pas osé tout de suite demander pourquoi on l'avait choisie. Quand enfin, elle a eu le courage d'en parler, quelqu'un lui a répondu en riant: 3parce que tu étais tellement mal partie et que tu t'en es sortie avec un tel naturel qu'on a compris que tu serais capable de faire face ç n'importe quel "incident technique indépendant de notre volonté".
La voici à l'antenne presque tous les jours. Pour elle, ce n'est pas seulement une vitrine, c'est un véritable métier qu'elle aime. Elle rencontre des gens passionnants (à cette époque les speakerines interviewent les vedettes, les metteurs en scène avant les émissions), elle parle en direct à des millions de téléspectateurs, et surtout, elle fait de la télévision!
Cliquez pour agrandir l'imageLa même année, c'est en cabine speakerine que Gérard Calvet, un réalisateur, vient la voir. "Ça t'amuserait d'animer une émission pour la jeunesse tous les jours en fin d'après-midi? On n'a pas de budget mais on a un stock de dessins animés." "Pourquoi pas?" répond Dorothée! Et c'est ainsi qu'elle apparaît en compagnie de nouveaux partenaires qui s'appellent la Panthère rose, Bugs Bunny, Bip Bip.
Un soir, le téléphone sonne en régie finale. "Pourrais-je parler à Dorothée? Dorothée décroche, et elle entend: "Bonsoir. François Truffaut à l'appareil. Je vous veux dans mon prochain film" Dorothée écarquille les yeux. C'est une farce. Quel est le copain qui s'amuse de cette manière? Mais non, la voix continue "Je voudrais vous rencontrer, avez-vous un agent?" "Non" , répond timidement Dorothée. "Très bien. Je vous laisse mon numéro de téléphone. Rappelez-moi pour qu'on puisse fixer un rendez-vous" Dorothée n'ose pas téléphoner. C'est sa maman qui la pousse. Un mois après, elle commence à tourner "L'Amour en fuite". Elle vit un véritable rêve. Elle avait, au départ, un tout petit rôle, une simple apparition. Mais François Truffaut tourne ce film dans la continuité, il laisse l'action se développer, observe ses personnages, fait progresser son scénario en fonction de ce qu'il ressent.
Tous les soirs, il réécrit une nouvelle scène en ajoutant du texte à Dorothée. Le lendemain matin, quand il arrive sur le tournage, il lui demande "Vous avez appris votre texte?" "Non" répond Dorothée, un peu honteuse. "Tant mieux, j'ai changé. Voilà ce qu'on tourne aujourd'hui". Et il lui tend quelques feuillets rédigés d'une large écriture dans lesquels Dorothée découvre ses répliques de la journée.
Elle vient de finir de tourner "L'Amour en fuite" quand la télévision lui ouvre de nouvelles portes. Antenne 2 crée une unité jeunesse, on lui propose d'en animer l'émission vedette, "Récré A2". Elle commence à tourner pendant les vacances. On a réussi à trouver un studio, mais pas à construire les décors. Qu'importe, on prend quelques vieilles caisses, une ou deux malles rescapées de la benne à ordures, des cartons de déménagement, on rajoute quelques toiles d'araignées, et cela devient le grenier de "Récré A2"!
En quelques semaines, "Récré A2" devient l'émission numéro un de tous les jeunes. Les mercredis après-midi en direct rassemblent des millions de téléspectateurs devant les petits écrans. Presque en même temps, Robert Enrico propose à Dorothée un deuxième film, "Pile ou face", avec Philippe Noiret et Michel Serrault. Elle tourne à Bordeaux, passe son temps dans les avions pour pouvoir assurer en même temps "Récré A2" et le tournage du film...
Cliquez pour agrandir l'image. Et puis on lui propose de faire un disque. Au milieu de tout ce qui lui arrive, Dorothée hésite. "Je suis totalement incapable de chanter!", dit-elle. "Et si on faisait un disque de contes?" insiste le producteur qui avait vraiment envie de travailler avec elle. "Pourquoi pas" répond Dorothée. Elle se souvient que dans son enfance elle adorait "Piccolo Saxo et compagnie" de Serge Prokofiev.
On écrit pour elle "Dorothée au pays des chansons" une sorte de conte de fée moderne dans lequel Dorothée est transportée dans un pays dont les habitants sont des chansons.
Au fil de l'écriture, comme avec François Truffaut, son rôle évolue. Dorothée chante une phrase pour répondre à l'un de ses partenaires, puis deux, puis une chanson, puis deux...Et ce n'est pas mal du tout! Dorothée en est la première surprise.
Sans le savoir, elle est devenue chanteuse! Elle ne va pas s'arrêter là... "Dorothée au pays des chansons" devient une comédie musicale pour la télévision, il fallait trouver d'urgence un programme pour la jeunesse pour les fêtes de fin d'année, puis un spectacle : Antenne 2 organise une animation pour les jeunes parisiens au pied de la tour Eiffel pour Noël. Et comme les costumes ont été fabriqués pour le show de télévision...
Surprise, la comédie musicale fait un triomphe à la télévision. Et tous les après-midi, devant la tour Eiffel, des milliers de jeunes parisiens font la queue pour applaudir Dorothée. Pour la première fois, juste avant le spectacle, retentit le cri lancinant, hurlé par des milliers de fans: "Dorothée, Dorothée, Dorothée..."
Jean-Michel Boris, le directeur de l'Olympia, vient la voir. A Pacques 1981, elle chante sur la même scène que Jacques Brel, Edith Piaf, les Beatles et tant d'autres. Le premier jour, elle a un tel trac qu'il faut la pousser pour qu'elle entre en scène.
Et le public est là, il la soutient, lui fait un triomphe à chaque représentation. Comme elle est tombée amoureuse de la télévision, Dorothée tombe amoureuse de la scène...
Elle enregistre un deuxième album. Pour faire plaisir à son auteur et à son compositeur, elle accepte au dernier moment d'enregistrer une chanson qu'ils viennent d'écrire. Son titre: "Hou la menteuse". Un million trois cent mille disques vendus, cinq usines de pressage mobilisées jour et nuit pour satisfaire la demande...
Dorothée est devenue une vedette...
[Vedette]
A partir de 1981, Dorothée accumule les succès : "Hou la menteuse", "Rox et Rouky", "La chanson des Schtroumpfs". En trois disques, plus de cinq millions d'exemplaires vendus. Elle fait la couverture de magazines, on parle d'un phénomène de société.
Chaque année, elle crée une nouvelle comédie musicale: "Dorothée tambour battant", "Dorothée au royaume de Diguedondaine"...
En 1982, avec "Pour faire une chanson", elle effectue sa première grande tournée d'été à travers toute la France. Sur le podium de Radio Monte-Carlo, elle est co-vedette du spectacle avec Carlos. C'est Jean Pierre Foucault qui les présente... Certains dirigeants de la station se demandaient si Dorothée serait à la hauteur: le spectacle est en plein air, le public sera celui des vacanciers. Ils ont la réponse dès le premier soir: c'est du délire! Les records d'affluence sont battus. Plus de quatre-vingt mille personnes. Quarante-huit galas triomphaux ou Dorothée fait la preuve qu'elle est devenue l'un des monstres sacrés de la scène. Chaque soir, une foule enthousiaste reprend les chansons, et après le gala, avec ses partenaires et amis, Ariane, Jacky, Alain Chauffour, Jean Jacques Chardeau, Dorothée signe des milliers d'autographes...
Le 24 décembre 1983, Antenne 2 lui confie la soirée du réveillon de Noël. "Dorothée le show" pulvérise les records d'audience! Elle s'y amuse, crée de nouvelles chansons, transforme Michel Drucker en son papa d'un soir, Carlos en son petit frère. L'émission est choisie pour représenter la France au Festival de télévision de Montreux...
Mais Dorothée est fidèle, la gloire ne lui a pas tourné la tête. Elle continue à animer tous les mercredis "Récré A2". Elle imagine même les émissions pour la jeunesse du mercredi matin, avant, la télévision n'émettait pas le matin. Elle devient productrice, invente de nouveaux concepts, montre que les jeunes aiment le rock ‘n roll. Elle devient un personnage extraordinaire à la fois star et copine, idole et confidente.
Cliquez pour agrandir l'image Son secret, elle le dit à tout le monde : elle considère les enfants comme un public à part entière avec lequel on n'a pas vraiment le droit de tricher parce qu'ils s'en aperçoivent aussitôt.
Ça paraît trop simple. C'est pourtant la vérité; Dorothée apporte aux jeunes quelque chose dont ils ont été privés depuis trop longtemps : le respect et la qualité.
L'Olympia devient trop petit pour ses nouveaux spectacles. C'est au zénith qu'elle se produira. Près de six mille personnes viendront l'applaudir chaque soir.
Pendant les vacances d'été, elle découvre les Etats Unis. Ce continent aux milliers de paysages la fascine. Elle se passionne pour la télévision américaine. Elle veut importer en France une émission qui l'a émue jusqu'au plus profond d'elle-même : le "Téléthon». Elle rencontre Jerry Lewis, il est d'accord. Mais la direction d'Antenne 2 lui répond que ce genre d'émission ne marchera jamais en France, et que de toute façon elle n'est pas assez célèbre pour la présenter. Personne sur cette chaîne ne s'est aperçu de la générosité du public, comme personne n'a voulu remarquer que Dorothée remplit les salles de concerts, plus que toutes les autres vedettes. Nul n'est prophète en son pays, dit-on. C'est sans doute l'explication de l'aveuglement des dirigeants d'antenne 2 à l'égard de Dorothée...
C'est l'une des raisons pour laquelle Dorothée n'hésite pas quand en 1987, Tf1 privatisé lui propose la direction de son unité jeunesse. Elle relève le défi. En quelques semaines, elle crée le "Club Dorothée". Grâce à "Récré A2", antenne 2 détenait le leadership des émissions jeunesse. Le jour de la première du "Club Dorothée", e, une seule émission, la situation s'inverse. Le public tout entier a suivi Dorothée!
C'est normal, puisqu'elle est devenue une star!
[La star]
A partir de 1987, plus qu'une émission, le "Club Dorothée" devient une véritable institution. Dorothée renouvelle complètement le concept des émissions jeunesse. L'humour devient décapant dans "Pas de pitié pour les croissants", la musique fait partie intégrante de l'émission. Les cinq musiciens qui accompagnent Dorothée deviennent des vedettes. Elle les avait appelés "Les Musclés" pour s'amuser... Qui ne les connaît aujourd'hui?
Avec ses complices, Ariane, Jacky, Patrick et Corbier, Dorothée fait le tour du monde pour faire découvrir, aux jeunes qui la regardent, de magnifiques paysages et d'autres cultures. Elle enregistre ses émissions aux Etats unis, au Japon, en Chine, à l'Ile Maurice, aux Antilles, au Maroc, en Grèce, en Turquie, en Russie. En regardant le "Club Dorothée", les jeunes découvrent et apprennent beaucoup plus de choses que dans les émissions "culturelles" des autres chaînes, écrit un journaliste. Et c'est la fierté de Dorothée. Ne pas remplacer les parents, mais apporter aux jeunes autre chose. Comme une grande sœur, comme une amie...
En même temps, Dorothée recrée une véritable production française pour la jeunesse et la famille. La tâche était énorme, tout avait été laissé à l'abandon par le service public. En moins de quatre ans, l'unité de programmes jeunesse que dirige Dorothée a crée plus de mille heures de fictions françaises originales, plus de cinq cent heures de dessins animés français.
Encore une fois, les résultats sont là. Plus de 75% de jeunes français regardent le club Dorothee. Que dire de plus?...
[La chanson]
En janvier 1990, Dorothée triomphe à Bercy. Plus de 17000 spectateurs viennent faire un triomphe à son étourdissant one-woman show.
Elle vient de rentrer dans la cour des très grands. a part elle, seuls Johny Hallyday et Michel Sardou sont capables de remplir Bercy de cette manière. Chaque concert est une fête. Dorothée ramasse tous les soirs des centaines de bouquets de fleurs que lui offrent ses fans. Chaque fois qu'elle monte sur scène, c'est comme une bouffée de tendresse qu'elle reçoit. Et tous les soirs, Dorothée reçoit son plus beau cadeau, l'amour du public. "Mon plus beau cadeau c'est vous" chante-t-elle. Et c'est vrai!
Lors d'une représentation, un des organisateurs de Festival des arts de Shanghai est dans la salle. Il est fasciné par le spectacle. Il veut le présenter en Chine. "Pourquoi pas?" répond Dorothée que ce gigantesque pays a toujours fascinée.
Quatre mois plus tard, en mai 1990, elle s'envole pour Shanghai. Personne ne la connaît là-bas. Sur les affiches du Festival, elle est annoncée comme "Dorothée, chanteuse française". Le premier soir, le public vient par curiosité. Sans connaître les chansons, sans comprendre la langue, il se déchaîne, il applaudit à tout rompre. On entend résonner sous le Palais des sports de Shanghai le "haaaaah", poussé par les dix-huit mille spectateurs, qui veut dire "bis".
Dorothée bisse presque toutes ses chansons. En une soirée, elle devient pour les habitants de Shanghai la reine du rock ‘n roll...
Tous les autres concerts sont complets. Chaque soir la même chaleur, la même ferveur, le même déchaînement, les mêmes "haaaaah" qui montent sous la voûte du Palais de sports...
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La télévision chinoise l'invite à chanter quelques-unes de ses chansons dans une émission de variétés. Six cents millions de téléspectateurs la voient. Un audimat à faire pâlir tous les experts. Dorothée devient une vedette dans toute la Chine entière.
L'année suivante, c'est une tournée de dix villes qu'elle accomplit. Avec partout le même accueil, le même enthousiasme, la même frénésie. Ses fans Chinois l'attendent devant son hôtel pour lui faire signer des autographes. Ils lui inventent un nom de famille ; pour eux, elle est "Dorothée yao gwen". Ce qui signifie "Dorothée rock ‘n roll"
Bercy devient un rendez-vous régulier pour Dorothée. Tous les ans elle y présente un nouveau spectacle. Tous les ans, elle triomphe.
Elle tourne à Tokyo en tant que guest-star dans une série vedette pour les Japonais, elle enregistre pour les Anglais une série d'émissions qui passera sur Channel Four, "The Wild Bunch", Dorothée devient une vedette internationale.
Le succès du "Club Dorothée" ne se dément pas. Les disques de platine s'accumulent. Mais Dorothée ne s'arrête pas là. Elle crée une émission de solidarité sur TF1 : "Des millions de copains", qui a pour but de venir en aide à tous les enfants défavorisés du monde. "C'est peut-être ce que j'ai fait de plus important" dit Dorothée, " car venir en aide à ceux qui souffrent, c'est la plus belle chose au monde".
Elle est aussi à l'origine des sitcoms familiales qui révolutionnent la télévision comme ; "Hélène et les garçons", "Premiers baisers" pour "Le miel et les abeilles", puisque c'est elle qui, à l'intérieur de son unité de programmes, en a lancé l'idée et la création.
Jeune femme aux mille facettes, tendre et dynamique, séduisante et drôle, quand on lui demande son secret, Dorothée répond simplement : " la sincérité".
"Toute ma vie j'ai chanté du rock ‘n roll" dit Dorothée dans l'une de ses chansons. N'est-ce pas là, son autre secret?
Extrait de "Dorothée le livre" aux éditions Montjoie, 1994
Un livre écrit par Jean-Luc Azoulay, Andréa Bureau et Annie Lequin.