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Dorothée Superstar : Elle répond à toutes vos questions

Télé Poche - 9 Mai 1988

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Privilège du succès ! Jamais à la télé, personne n'avait eu autant d'heures d'antenne. Mais la chouchoute des petits est aussi celle des parents, et elle sait pourquoi, la fûtée ! A toutes vos objections, elle apporte une réponse.
 

Dorothée et les siens, à partir du 10 mai, ça fait 20 heures par semaine sur TF1!

Mon Dieu, tant que ça ? C'est fou! Et le plus fou, c'est que je suis toujours de plus en plus heureuse de m'amuser avec les enfants.


Alors, vous leur offrez des nouveautés ?
Je viens d'en acheter aux Etats-Unis. Mais avant d'en parler, je veux faire ce que j'ai l'habitude de faire pour les programmes, nous travaillons avec les enfants; ils choisissent eux-mêmes leurs dessins animés et leurs séries par votes. Ce que je peux annoncer, c'est l'horoscope quotidien avec Madame Soleil.


Quand vous établissez ces programmes, pensez-vous aussi aux parents?
Je n'ai pas de conseils à leur donner, n'étant ni pédagogue ni maîtresse d'école. Mais j'ai eu connaissance d'études montrant très clairement que les enfants sont des téléspectateurs naturellement plus sélectifs que les adultes. On parle souvent des gens qui s'abrutissent devant le petit écran, par habitude, sans même regarder les images. Eh bien, les enfants ne fonctionnent pas comme ça: ils zappent, et si ce qu'ils voient ne leur convient pas, ils vont faire autre chose. Ils choisissent avec beaucoup de soin, ils ne sont pas du tout passifs.


Comment l'expliquez-vous ?
Ils sont nés avec la télévision; elle n'est plus magique, mais simplement une partie normale de leur vie. Ils la consomment très différemment de ma génération, par exemple. J'ai reçu une éducation très stricte à l'époque, elle était plus ou moins un interdit.


Cela n'existe plus ?
Je connais un enfant à qui son père interdisait de regarder les émissions pour enfants. Il en souffrait beaucoup, dans la cour de récréation, quand tous ses petits copains parlaient de ce qu'ils avaient vu la veille. Lui n'avait rien à dire ! Alors le monsieur en question a levé l'interdiction, et il s'est même mis à s'intéresser aux programmes pour jeunes.


Savez-vous si les adultes regardent aussi vos émissions ?
Oh oui ! Sur les 5 000 lettres que nous recevons en moyenne chaque jour, il y a des mots de grands-parents, de mères, de pères. Par exemple, ce sont des parents qui ont demandé la rediffusion de « Goldorak ». Un père m'a écrit que sa fille était trop jeune pour avoir vu ce dessin animé et qu'il tenait absolu- ment à ce qu'on le redonne. Et puis, le dimanche matin, notre programme est ouvertement familial. Même, pour laisser aux parents le temps de faire la grasse matinée, « Pas de pitié pour les croissants » ne commence qu'à 10h30.


Savez-vous ce que les enseignants pensent du phénomène Dorothée ?
Nous collaborons souvent. Certains instituteurs demandent des compte-rendus de feuilletons à leurs élèves, nous recevons des affiches réalisées par des classes entières.


Comment expliquez-vous que vous soyez la star incontestée des enfants?
Je suis très proche d'eux. Et puis notre programme est plus humain que celui des autres chaînes; nous ne nous contentons pas de diffuser des cartoons ou des séries à la file. La présence des animateurs me semble indispensable, la communication est plus grande.


Ressentez-vous la grande responsabilité que vous avez auprès des petits?
Oui mais, encore une fois, je n'ai pas un rôle d'éducatrice. Je me contente de donner un coup de pouce aux parents, des directions. C'est pourquoi, quand on présente des livres, des disques, des gadgets, il n'est pas question de donner une opinion, en bien ou en mal, seulement d'informer.


On vous reproche de ne vous adresser qu'aux plus jeunes ?
On me l'a objecté parfois, mais ce n'est pas exact. Je vous ai dit que des adultes nous regardaient. Mais nous avons aussi gagné, grâce au « Jacky show », un nouveau public d'adolescents.

Certains parents se plaignent que certaines séries soient violentes, surtout « Bioman »...
« Bioman » est superstar en ce moment, c'est un vrai raz de marée. Mais la violence qu'on y trouve est une fiction totale. J'ai remarqué que les enfants ne réagissaient pas comme nous à ce sujet. Pour eux, les méchants sont des robots, et ils sont détruits à la fin, sans qu'il y ait effusion de sang puisque ce sont des machines. Tout le monde aime avoir peur de toutes façons, du moment que ça finit bien. Et ça finit toujours bien. La violence est une version de la tarte à la crème, dans ces conditions...


Il était question que vous fassiez trois grands shows Dorothée à 20 h 30 par an...
Oui, deux en plus de celui de Noël. Je pense que nous en ferons un en juin, avant les vacances.


Vous ne vous arrêtez donc jamais ?
Oh non, pour quoi faire ? Ah, j'oubliais je serai au Zénith à partir du 23 novembre pour un mois et demi.


Alice HUBEL


Eminent spécialiste de la chirurgie infantile, le professeur Rémy Pellerin est un fan inattendu de Dorothée. Il nous a reçus à l'hôpital Necker, où il est chef de service.

Beaucoup de parents se demandent si la télévision est bonne pour leurs enfants. Vous, vous dites que les émissions de Dorothée font du bien à vos petits malades. Pourquoi ?

Dorothée est quelqu'un qui sait parler aux enfants. Spontanément, elle a trouvé un langage qui s'adresse à eux, sans bêtifier. Son image est très dynamique. C'est surtout ça qui plaît aux enfants. Ils attendent le mercredi avec impatience. Et je sais qu'elle les aide beaucoup dans leur situation très pénible.


Pourtant, certains se plaignent que leurs enfants passent trop de temps devant le petit écran. Qu'en pensez-vous ?
C'est leur rôle de contrôler les occupations de leurs propres enfants. Il faut bien dire que ce sont parfois les parents eux-mêmes qui les installent devant la télévision pour avoir la paix. Ils doivent prendre leurs responsabilités, car il est évident qu'il existe un seuil de saturation.


A votre avis, à quoi tient le succès de Dorothée ?


C'est une pro. Dans tous les métiers, il faut savoir être professionnel. Quand on a en plus du cœur et du talent, le succès coule de source.

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