Dorothée sur grand écran
Télé Star – 16 août 1980
Décidément, le cinéma lui fait les yeux doux. Après aux « L'amour en fuite » de François Truffaut en 1978, Dorothée est à nouveau à l'affiche des (grands) écrans aux côtés de Philippe Noiret et Michel Serrault. En effet, c'est elle que Robert Enrico a choisie comme vedette féminine de son nouveau film « Pile ou Face » qui sort cette semaine dans toute la France. « Effectivement, c'est mon second film, raconte Dorothée. C'est d'ailleurs après m'avoir vue dans « L'amour en fuite » qu'Enrico m'a proposé de jouer dans « Pile ou Face ». Il s'agit d'une comédie policière. Bien que j'interprète une speakerine d'une télévision régionale, mon rôle est surtout celui d'un témoin gênant pour les deux protagonistes que sont Philippe Noiret et Michel Serrault. Très sincèrement, ce fut passionnant de tourner avec eux. Au début, devant ces deux monstres sacrés, j'étais morte de trac. Mais ils ont été d'une extrême gentillesse. En dehors des prises, c'était à celui qui me ferait le plus rire. Quant à Robert Enrico, c'est un personnage qui m'est très proche. Comme Truffaut, c'est un fin psychologue. Il vous dirige... sans vous diriger. Il vous explique la scène, puis, au « clap » à vous d'entrer dans le personnage. C'est très agréable, car franchement, je n'aime pas être commandée. »
Les séquences dans lesquelles Dorothée apparaît, ont été tournées en mars dernier à Bordeaux. Si pour des raisons de commodité, elle avait momentanément abandonné son métier de speakerine, elle n'avait pas, en revanche, interrompu la présentation de « Récré A2 ». Chaque mercredi, elle s'envolait pour Paris, afin d'être à 18.00 sur le plateau de l'Empire, où son émission se déroulait en direct. Juste après, elle regagnait la Gironde. Cela fait sept ans que Dorothée « fait » de la télévision. En 1973, Jacqueline Joubert l'engage comme speakerine tout d'abord, puis, en 1977, lui confie la responsabilité des émissions enfantines de la deuxième chaîne. Son mariage avec le petit écran, elle le doit à... Alfred de Musset.
« J'avais dix-huit ans. J'étais étudiante au collège de Notre-Dame de Versailles. A la fin de
l'année, selon la coutume, chaque collège présentait une pièce au théâtre Montansier. Il s'agissait d'un mini-concours. Nous, nous avons joué « Les caprices de Marianne ».
Jacqueline Joubert faisait partie du jury. Elle m'a remarquée et m'a proposé d'entrer à la télévision. Voilà, c'est tout simple. »
Ravie, Dorothée devenait ainsi la plus jeune des speakerines. Mais en 1977, elle sera encore plus comblée en prenant en charge « Récré A2 ».
« C'est une émission que j'adore, dit-elle. Car là, je ne me contente pas d'une présentation plus ou moins statique, mais je chante, je danse, bref, je m'exprime. La télévision est totalement différente du cinéma. Sur un film, lorsque ça ne va pas, on recommence la prise. Là, pas question. Je suis seule devant la caméra. Il faut agir. Et vite. Le direct, ça ne pardonne pas. »
Tous les enfants de France ont adopté Dorothée. Par milliers de lettres, ils lui clament leur enthousiasme. A tel point que pour la plupart ils estiment l'émission trop courte. Et c'est pour les contenter qu'elle a enregistré un disque trente centimètres (C.B.S.) qu'elle considère comme un prolongement de « Récré A2 ».
« C'est un conte musical, explique-t-elle. Il est composé de douze chansons regroupées sous le titre « Dorothée au pays des chansons ». C'est Michel Jordan qui en a écrit les paroles et Jean-Pierre Stora la musique. »
Les fans de Dorothée seront d'ailleurs doublement satisfaits puisqu'en principe Antenne 2 devrait adapter « Dorothée au pays des chansons » en comédie musicale et la diffuser pour les fêtes de fin d'année.
Née un 14 juillet, mais détestant les artifices, Dorothée se veut excessivement professionnelle dans tout ce qu'elle entreprend. Pour elle, à pile ou face... c'est du cinéma.
GÉRALD LEVRAULT