Dorothée sur la planète Bercy
Le figaro – 18 janvier 1992
Cent trente mille enfants sont attendus pour fêter son nouveau spectacle. Avec rayons laser et son omnidirectionnel.
Ce soir, sous le feu des 10 000 projecteurs de Bercy, une diablotine blonde montée sur ressort chantera à tue-tête Les Neiges de l'Himalaya et ses 22 autres tubes. 12 000 bambins, accompagnés de leurs braves mamies, scanderont avec frénésie le prénom de leur pop-star préférée : Dorothée ! Dorothée !
Pour l'heure, Dorothée at- tend le coup de baguette magique qui lui fera oublier son trac, sa fatigue et ses courbatures - à force de sautiller dans tous les sens, l'idole des juniors a les gambettes dans la semoule. Pour ce nouveau spectacle à Bercy, Dorothée a bien fait les choses. Elle a demandé à Jacques Rouveyrollis de régler les lumières.
« Nous avons trois lasers de la nouvelle génération » explique-t-elle avec fierté. Et elle sera entourée de ses inséparables musiciens Les Musclés, de huit danseurs, de deux choristes et d'un groupe de chanteurs et danseurs congolais. Le tout enveloppé par un son omnidirectionnel.
Mais qu'est-ce qui fait courir Dorothée ? L’argent ? La gloire ? « Ni l'un ni l'autre », rétorque-t-elle. « Avant tout je m'amuse. Et j'aime autant faire de la télévision que de la
scène ou des albums. Je ne planifie rien. Je vis le moment présent en essayant d'être positive. Comme je le dis dans une de mes chansons : « Tous les jours de bonheur, je les mets dans mon cœur. Tous les jours de pluie, je les oublie. »
« Être honnête avec eux »
L'animatrice et' directrice de l'unité jeunesse de TF 1 a-t-elle oublié ce jour plutôt pluvieux où elle demandait aux enfants, lors de son Club Dorothée, de défendre son émission ? « Au cours du Club, les enfants votent par Minitel pour leur série préférée. Depuis longtemps déjà, Ils ne comprenaient pas pourquoi on ne passait plus leurs dessins animés japonais. Et Ils râlaient. Les enfants ne sont pas idiots ! »
« Alors j'ai décidé de leur dire la vérité. Je leur ai donc expliqué que le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait demandé à toutes les chaînes de programmer aux heures de grande écoute des programmes français et européens. Et j'ai ajouté que s'ils n'étaient pas contents, ils pouvaient envoyer des lettres au CSA. Voilà. Je n'avais pas du tout l'intention de les manipuler mais seulement d'être honnête avec eux. »
Emmanuèle FROIS.