Dorothée : « Je reste une petite fille »
Le Parisien – 12 octobre 1983
A deux ans et demi. Frédérique ne regardait pas la télévision et n'avait qu'une idole... son papa. D'un naturel joyeux, aimant les déguisements, elle allait devenir l'idole des enfants sous le nom de Dorothée.
En 1973, Frédérique-Dorothée débutait avec Blablatus dans les émissions enfantines. « J'avais le trac, dix ans de moins et dix kilos de trop », affirme Dorothée hilare.
Sympa, pétillante, drôle, à la ville comme à l'écran, ainsi se présente Dorothée, l'animatrice de « Récré A2 », tête d'affiche du box-office du disque et de la popularité auprès du jeune public de deux à quatre-vingt-deux ans. Deux disques de platine, un album du même métal, un disque d'or en Belgique pour celle dont les disquaires ne voulaient pas.
- « Encore une speakerine qui chante » disaient-ils et que les hit-parades boudaient. Une jolie réussite que Dorothée doit à son public et uniquement à lui. Ce sont les bambins en culotte courte qui ont imposé leur choix au monde du show biz bousculant prévisions et diagnostics, en plébiscitant sans retenue leur copine.
Découverte en 1973 – dix ans déjà - par Jacqueline Joubert, Dorothée s'appelait alors Frédérique. Cherchant un prénom pour remplacer le sien, elle trouva Dorothée par hasard : « Cela fit tilt », dit-elle. Et Dorothée lui est restée.
« C'est grâce à Jacqueline Joubert, que je mène la carrière que j'ai aujourd'hui. Elle m'a toujours encouragée, poussée. Jacqueline est ma deuxième mère, d'ailleurs maman est d'accord », ajoute-t-elle en éclatant de rire.
En dix ans, Dorothée a appris à boucher les trous à l'antenne et à ne plus bafouiller. Pour le reste elle n'a pas changé : « Si je devais ne plus être sincère, dit-elle, je ne ferais plus ce métier. Les enfants sentent bien si on est vrai ou pas. Deux heures de direct ne pardonnent pas.
« Récré A2 » me permet de rester gosse, de m'amuser. Je suis spontanée de nature. Je le suis de la même façon à l'antenne. Je me laisse totalement prendre par l'ambiance, ainsi ce n'est jamais deux fois la même émission. Je ne me suis jamais ennuyée un seul mercredi, et tant que je m'amuserai, je continuerai. »
Comme Dorothée s'amuse... elle continue. Un nouveau 33 tours sortira mi-octobre. Pour les fêtes de Noël, elle présentera un show à 20 h 30 avec comme invités, Michel Drucker, Philippe Bouvard, Bernard Pivot... Elle souhaite pouvoir continuer à donner des spectacles gratuits.
« Ce que je préfère », dit-elle, comme ceux organisés par A2 et la Mairie de Paris au moment de Noël. Le programme est chargé, mais Dorothée si frêle en apparence a les épaules larges. « Après mes deux premières expériences cinématographiques, j'attends toujours des rôles qui me plaisent. Les scénaristes veulent toujours me cantonner dans des emplois de speakerine. Alors avec mon équipe nous allons écrire un scénario et réaliser un film qui sera tout à la fois Disney, Mary Poppins et le Magicien d'Oz. Je ne sais pas quand nous le ferons, mais c'est un projet que je caresse depuis très longtemps. Je suis folle de comédie musicale. Mon rêve, imposer en France la comédie musicale pour tous. »
Rançon de la célébrité, Dorothée croule sous le courrier. « Les petits font écrire par leur maman, les personnes âgées veulent m'avoir comme petite fille. »
Un public merveilleux
Son public, elle l'aime, surtout les petits qui l'interpellent dans la rue et viennent la toucher au restaurant. Cela lui vaut quelques remarques savoureuses de ses admirateurs en herbe : « Mais tu es sortie de la boîte », affirme celui-ci, très surpris ; « Je ne veux pas que tu manges », grogne cet autre ; « Tu es à la télé, tu ne peux pas manger. »
Que voulez-vous, à quatre ans on est déçu de constater que son idole n'est qu'une simple mortelle.
« C'est un public merveilleux - dit Dorothée – les gamins donnent leur opinion et n'hésitent pas à protester s'ils n'aiment pas tel ou tel dessin animé. Nous tenons compte de leur avis. »
La tête pleine de projets, Dorothée continue son petit bonhomme de chemin, en restant jeune au côté des enfants. Pourtant, François Truffaut le lui a dit : « Vous faites le métier le plus dur qui soit, celui de speakerine. »
Seule concession au monde des grands, Dorothée est superstitieuse. « A 150 %, dit-elle, jamais je n'écrirai avec une encre verte. » D'ici à ce que les petits l'imitent...
Annie FERRER
Aujourd'hui, vous retrouverez Dorothée en direct de Cannes, au salon du Vidcom, où elle vous parlera des jeux vidéo.