Dorothée : "Je vois grandir les bébés des autres"
Ciné Télé Revue - Décembre 1991
Chaque année depuis douze ans, Dorothée ne manque jamais le rendez-vous avec son public. Cette année, elle n’a pas eu peur de prendre des risques. Après l’Olympia et le Zénith, la meilleure copine des enfants s’attaque à nouveau au gros morceau : Bercy !
Morte de trac, l’animatrice – vedette de TF1 prépare, avec tout le professionnalisme qu’on lui connaît, un nouveau spectacle qu’elle présentera du 18 janvier au 2 février dans la plus grande salle la capitale française. Avant de partir en tournée aux quatre coins de la France, Dorothée passera par la Suisse et elle terminera son marathon par la Belgique. Accompagnée des Musclés et d’un groupe de danseurs chanteurs africains, la star chantera ses plus grands succès entourée d’effets spéciaux spectaculaires.
Après avoir travaillé d’arrachepied pendant 2 semaines pour amuser les écoliers en vacance, la chanteuse n’a pas relâché la bride. Dorothée passe sans doute plus de temps dans les studios d’enregistrement que dans son appartement parisien dont chaque pièce cache une télévision. Et entre les préparations de l’émission et les répétitions de son prochain spectacle, il lui reste peu de temps pour se consacrer à d’autres loisirs. Mais en compagnie de « Ciné-Télé-Revue », elle est partie à la neige avec les joyeux lurons de son émission, le temps de se confier en toute liberté.
-On a l’impression que votre le métier ne vous laisse pas le moindre répit. Es ce le reflet de la réalité ?
-Le plus grand bonheur qu’on puisse avoir, c’est faire le métier qu’on aime. J’ai cette chance extraordinaire. Je rencontre plein de gens, j’ai des cadeaux merveilleux tous les jours, des dessins d’enfants, des bouquets de fleurs, des petits mots d’amour .Je garde tout, même les rubans des paquets ! Je suis récompensée tous les jours. Le sourire d’un enfant, d’une maman contente que son enfant me voie, c’est formidable. Même si je travaille beaucoup, je ne peux pas dire que je fais un métier difficile.
-Mais ce n’est pas dangereux de tout sacrifier ?
-Tout est toujours dangereux. Si le public m’oublie, tant pis, j’aurai vécu des moments fantastiques
-Ce marathon professionnel ne vous empêche –t-il pas d’avoir une vie privée ?
-Ne vous inquiétez pas, ma vie va très bien. J’ai une vie privée tout à fait normale. C’est vrai qu’en décembre et janvier mon emploi du temps est très chargé. Mais le reste de l’année, j’ai le temps de prendre des vacances, de voir ma famille, de dîner avec des copains, d’aller au cinéma.
- Le Club Do est une petite famille : vous vivez ensemble de tournage en tournage, l’ambiance a l’air joyeuse sur le plateau. Aucune lassitude après toutes ces années ?
Je suis incapable de travailler en solitaire. Je suis toujours en groupe et en famille, et nous formons une famille unie. Je connais les copains qui travaillent avec moi depuis bientôt dix ans. Chacun participe, on est tous là pour fabriquer l’émission ensemble et non pour se battre. Je suis très protectrice, très mère poule. Alors non, jamais de lassitude, c’est un miracle. Jacky a eu des enfants et je vois ses filles grandir. Ariane a eu un petit bébé qui a maintenant deux ans. Je suis un peu la « Tatie » de tout le monde .J’ai besoin de ça, je ne peux pas être solitaire. Il m’arrive souvent d’inviter à dîner à la maison mes camarades de travail. Je leur promets toujours de leur faire un bon petit plat tiré de ces livres de recette que je collectionne. Malheureusement, il ne reste parfois qu’un œuf et des pommes de terre dans le frigo !
-N’avez-vous jamais envie d’être la vraie maman d’un enfant ?
-Si, mais j’ai encore le temps (Dorothée a 38ans). Jusqu’ici, l’occasion de ne s’est pas présentée. Je ne planifie rien, pas même ma vie privée.
- Quels souvenirs gardez-vous de votre premier passage sur scène ?
-La première fois, je ne me suis rendue compte de rien. C’est au bout de trois ou quatre jours que je me suis dit : « T’es à l’Olympia, ma fille, et tu ne t’en rends pas compte ». A partir de là, je me suis payé un trac monstrueux, c’était l’horreur ! Cette salle est chargée d’un passé extraordinaire, je garde toujours un souvenir ému de l’Olympia.
Pas de guerre avec Chantal Goya
- Vous avez fait un parcours étonnant : Speakerine pendant quelques années, un peu de cinéma, notamment avec Truffaut, les émissions pour enfants et aujourd’hui, vous remplissez les salles Quel regard portez-vous sur le chemin parcouru ?
Ce n’était pas évident .C’est un peu comme un grand escalier que je monte, et parfois je dégringole. En fait c’est la vie de tous les jours. Je suis très humble. Bien sûr, je suis contente, mais on ne sait jamais jusqu’où ça va aller, je suis la première étonnée. Je n’ai jamais rien planifié de ma vie, tout se passe par des rencontres, des coups de chance .Et puis la fidélité du public me porte. Je ne triche pas.
-Vous avez supplanté Chantal Goya…
-Pas du tout. On a un public commun au départ et chacune nos particularités. Nous sommes amies et je n’ai jamais voulu supplanté quelqu’un. Nous avons nos vies, mais nous ne sommes pas du tout ennemies, heureusement !
-Maintenant vous vous payes le luxe de tourner vos propres séries. Es ce l’idéal ?
-Disons que je donne un petit coup de main aux petits jeunes qui veulent débuter. C’est pour moi une récompense. J’ai tourné « 66 Jump Avenue », une série avec des marionnettes en anglaises. Une nouvelle aventure.
-Plus de violence dans les dessins animés, violence que l’on vous avait reprochée ?
-On m’a beaucoup attaquée a cause de ces dessins animés japonais. Cela m’a beaucoup touchée. Il n’est pas du tout dans mon attention de faire de l’audience avec de spectacles violents. Nous avons une équipe de psychologues pour enfants qui surveille tout ça, et je peux assurer qu’il n’y a rien qui soit susceptible de traumatiser les enfants. Jamais on ne laissera passer quoi que ce soit qui puisse traumatiser un jeune public.
-On vous a fait de proposions pour aller travailler au Etats Unis .Avez-vous hésité avant de refuser ?
-Aucune hésitation, je me sens très bien en France . Je me suis un peu expatriée vers l’Angleterre, mais nous avons tourné une version anglaise puis une version française. C’est une collaboration entre l’Angleterre et la France. Faire des émissions en commun c’est bien pour l’Europe. J’aime bien aller en Chine pour des spectacles et en profiter pour faire quelques émissions de télévision, mais je n’ai aucune envie de m’expatrier. Jamais !
Bernard Ales