La course contre le temps
Intimité – 15 janvier 1992
Productrice, animatrice, chanteuse, elle n'a pas une minute à elle ! Tous les matins sur le petit écran, tous les soirs à Bercy, Dorothée, pourtant, avoue être paresseuse !
Elle est passée par ici, elle repassera par-là ! Elle est dans le studio 4... Trop tard, elle répète à Bercy. Rappelez dans trente minutes... Elle enregistre toute la journée... Vous aurez peut-être une chance pendant la pause ! Ouf ! Un vrai marathon que de courir après la blonde au nez (presque) aussi connu que celui de Cléopâtre. Dorothée n'est pas du genre lymphatique qui s'étire après le déjeuner en louchant sur le divan pour une sieste. Non, elle n'arrête pas une seule minute et l'on se demande bien où cette Bretonne toute me- nue puise son énergie sans se départir une seule minute de son sourire enjôleur :
« Energie ! vous voulez rire, je suis paresseuse et, le croirez-vous ? Il m'arrive de ne rien faire ! » Non !
Elle agace beaucoup de gens...
En tous les cas, ça doit faire un sacré bout de temps qu'elle n'a pas fait la grasse matinée, et pour cause : plus de vingt heures d'émission hebdomadaire, une centaine de personnes sous ses ordres, son grand show de Noël, ses enregistrements et, surtout, Bercy avec, chaque jour, 12 000 yeux de bambins (et de parents) qui viennent voir leur idole... aussi menue sur l'immense scène du Palais omnisports que sur l'écran de la télé du salon. Flemmarde, Dorothée ? Vous voulez rire...
Dans un certain milieu, elle est très controversée. Son goût pour les dessins animés made in Japan, sa réussite fulgurante et tout ce qu'on lui prête, à tort ou à raison (... ça l'exaspère !), en ont agacé plus d'un. Elle balaye tout ça d'un désarmant sourire, la tête penchée sur le côté, elle emploie toutes les ressources de son minois pour écarter d'une phrase un peu assassine les nuages qui pourrait faire ombre à son rapide succès. « La réussite est toujours suspecte ici. Je n'ai rien voulu de tout cela. Ma vie n'est pas celle d'une ambitieuse, j'ai fait des rencontres et on m'a fait confiance. C'est tout. Je ne suis jamais sûre de moi, je suis souvent morte de trouille, très peureuse et angoissée. C'est tout. Le système Dorothée ? Une bande de copains... »
Car, en plus d'être la responsable des émissions de jeunesse sur TF1, elle paie de sa personne en entraînant derrière elle tout le petit monde du Club Dorothée. Son truc, s'il y en a un, c'est qu'elle est besogneuse, dans le sens << fourmi >> du terme et, surtout, qu'entre la décisionnaire (elle), la productrice (elle), l'animatrice (elle) et la star (...elle) il n'y a pas d’intermédiaire : elle fait tout.
Sa vie privée ? La loi du silence !
Son credo, à Dorothée, ce n'est pas les bambins mais la famille. « Je crois en la famille avant tout. Mon public est familial, ma vie c'est ma famille et, dans mon travail, c'est une famille de copains... Il n'y a rien d'autre... » C'est vrai, elle ne prête pas le flanc aux ragots, on ne la voit jamais rigolarde dans une soirée arrosée ou dans des mondanités quelconques. Elle avoue avoir des journées agitées, des soirées spaghetti chez les copains et des matins calmes... Sa vie privée ? Grand mystère jalousement préservé. Seule entorse à cette loi du silence, comme un aveu : « J'adore les gamins, j'en aurai sûrement. » Après un moment de silence elle ajoute : « ... Un jour. » Le temps de noter cette dernière réponse, elle est déjà partie ! Envolée...
Georges Duroy