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Dorothée, la Mary Poppins de la TV

Télé Magazine – 24 décembre 1983

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La vie imaginaire de Dorothée est un show « destiné aux enfants avec autorisation pour les parents d'y assister ». Un show qui lui tenait à cœur. Ce qu'elle voulait ? Rassembler en ce soir de fête, quelques-unes des personnalités d'A2 comme les membres d'une même famille. Toujours timide, elle n'osait pas trop y croire, mais tous ont répondu « présent » : Carlos, qui joue son « petit frère », Jacky, son copain de toujours, mais aussi Bernard Pivot qui chante « avec beaucoup de classe » (comme il se doit puisqu'il joue son instituteur), son papa, Michel Drucker, etc. etc. Et puis Dorothée ayant une grande admiration pour Jane Birkin qu'elle ne connaissait absolument pas, elle prit son courage à deux mains pour lui demander sa participation. Et Jane se libéra aussitôt de ses obligations. De même que « Les Forbans » qui, dit-elle, « semblent vraiment vivre dans les années 60 », époque que nous restitue l'ambiance et les chansons écrites sur mesure pour toute la famille par Gérard Salesses. Sketches, chansons, enchaînements avec images sur voix off... Le tournage, paraît-il, s'est déroulé dans la plus folle gaieté, ponctué de nombreux fous rires...


DANS les bureaux où nous avons rendez-vous s'affaire l'équipe de « A.B. productions ». De jeunes et ravissantes personnes ouvrent des portes, sourient, passent, ferment des portes, repassent, sourient etc. Fauteuils design, tubes d'acier, tables de verre, moquettes. Ballets d'entrées et de sorties. On a l'impression d'être dans un décor où se répète une comédie musicale. C'est sûr, l'héroïne va apparaître. Et en effet, la voilà, c'est elle. Elle se glisse, toute modeste, par l'entrebâillement d'une grande porte blanche : Dorothée, la Mary Poppins du petit écran, simple, avec ses jolis yeux noisette, son sourire fin, son air de jeune fille de bonne famille. Elle m'entraîne, silhouette dansante légère. Nous traversons le bureau de Jean-Claude Azoulay, débonnaire derrière ses grosses lunettes, nous nous retrouvons dans un autre bureau qui serait tout pareil aux autres (fauteuils design blancs, acier, verre, moquette) s'il n'y avait un coin tapissé d'une avalanche de photos d'enfants, des blonds, des bruns, des sérieux, des rieurs, des grands, des moyens, des petits...
Là, Dorothée est dans son univers : « ils m'écrivent, ils me confient leurs vies, leurs problèmes ».
Pas besoin de chercher les raisons de son succès, on comprend dès qu'on la voit. Son charme évident est un mélange de spontanéité, de sincérité totale, en même temps que de retenue, presque de timidité, vaincue dit-elle, par l'amour de son métier, par son désir de communiquer : « à l'école j'étais timide, horriblement. Le théâtre a été une révélation. Les bonnes sœurs n'en revenaient pas. Sur scène j'étais une autre ». Elle n'en poursuivit pas moins ses études, tout-à-fait classiques, avec une assiduité qui l'étonne elle-même « je suis restée dans le même établissement de la maternelle à la terminale ».
Malgré les joies du théâtre elle aspire très vite à un moyen d'expression plus direct : « à une époque j'ai craint de me laisser enfermer dans un jeu un peu trop théâtral ». Jacqueline Joubert est la bonne fée qui lui donne accès aux studios de télévision : « c'est elle qui m’apprit le métier, tout le côté technique ». Mais dès son premier passage, elle sent le rapport spécifique qui s'établit avec le public de télévision : « au cinéma, il faut éviter de regarder la caméra. Et là, à la télévision, j'avais envie de m'adresser directement à elle, comme à chacun des téléspectateurs ».
Son instinct continue à la guider. Elle parle aux enfants comme si chacun d'eux était présent. D'ailleurs l'équipe de « Récré A2 » travaille avec le même souci. Bien sûr, il y a, à chaque émission, une trame solide, un thème choisi, des enchaînements, des sketches, des gags prévus, mais aussi beaucoup d'improvisation. « Parce que, dit-elle, avec les enfants les choses se passent dans l'instant et on ne peut pas tricher ».
Elle peut parler sans fin de son jeune public. Elle en a fait la connaissance directement cet été, à travers la France où elle a promené son show « Pour faire une chanson ». Ce qui l'a le plus étonnée, c'est la variété infinie des réactions des enfants. Aux quatre coins de l'hexagone qu'elle a parcouru à raison d'une représentation chaque soir, aucune salle enfantine n'a jamais réagi de la même façon. La seule unanimité : partout elle a fait salle comble, tous les enfants l'aiment, elle ne cesse de s'en émerveiller. C'était sa première tournée qui n'a fait qu'accroître son désir de contact direct.


Et le disque... ?
C'est pourquoi elle reprend le spectacle au Champ de Mars pendant les vacances de Noël, deux représentations par jour, gratuites, ce qui la ravit car elle a horreur de faire payer les enfants. Public, acteurs, musiciens, chacun participe au spectacle, c'est un « théâtre vivant » qui la passionne. Et le disque ? Elle sort un nouvel album de chansons modernes, inédites : « Dorothée ». Sur la pochette, des dessins de Cabu. Les chansons, elle n'en a pas écrit les paroles ni la musique, qui sont de J.F. Porry et G.Salesses, mais chacune a poussé sur quelque chose qu'elle ressentait spontanément et qu'elle traduit, avec sa très jolie voix au timbre net et cristallin, à travers une ronde de couplets où s'allient humour, imagination, tendresse, rythme, poésie. Tous les titres sont des réussites.
Avec Dorothée le temps passe vite, très vite, l'heure tourne. Alors heureusement, on ne parlera pas de sa vie privée. Elle en est très soulagée. Elle a une vie, comme tout le monde : « mais ce que les gens doivent savoir c'est que si on fait ce métier, c'est parce qu'on l'aime et que tout l'amour qu'on a, on le lui donne ». Simplement, elle est une jeune femme, vivante. Et elle raconte une anecdote : elle entre un jour dans un restaurant. Un petit garçon vient aussitôt vers elle :
« Toi, je te connais. Qu'est-ce que tu fais là ?
- Je viens manger, comme toi.
- Tu manges?... Non, tu ne manges pas, tu es dans la télévision, tu ne manges pas !
Mais si, je t'assure, je mange, comme tout le monde ».

Le petit garçon, ébahi, n'a pas cessé de la regarder manger pendant tout le repas...
Rosine GUEUGNIAUD

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Devenue Dorothy dans l'univers du magicien d'Oz, elle danse entre l'épouvantail - Jacky et le lion peureux - Carlos.

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