Dorothée : la rockeuse des familles s’explique
France-Soir – 6 janvier 1990
La fée Dorothée est aussi experte en grimaces
« Je peux montrer que j'ai un caractère de cochon... Je ne suis pas forcément une gentille », assure Dorothée. La rockeuse des familles, qui accueille ses fans à partir d'aujourd'hui dans un Bercy archiplein, dit d'elle : « Je suis une bonne chanteuse de variétés populaire. »
Troisième souris française à accoucher de la montagne Bercy, mais première en titre sur la distance (douze dates déjà complètes) Miss Dorothée ! La « Do » (pour les intimes), qui n'a pas la langue dans sa poche pour remettre à l'endroit ce qu'on a mis à l'envers, n'est pas peu fière de ce record.
« Ce n'est pas parce que j'ose dire que je ne suis pas une "gentille", que je peux montrer un caractère de cochon et que je programme des bandes dessinées où des robots explosent sous des rayons laser que je suis forcément une violente ! Partant de ce principe, tous les gens de leur époque sont des violents ? Et puis je ne m'adresse pas uniquement aux classes biberon. En tous les cas pas en concert. Là aussi, il y a confusion dans les esprits. Moi j'ai attendu d'avoir dix-huit ans pour que ma grand-mère m'accompagne enfin dans une salle de spectacles. Mais aujourd'hui tout le monde va partout sans différence d'âge. On peut être enfant à sept ans comme à quatre-vingt-sept ans. A Bercy, où le répertoire va de « La Menteuse » à « Tremblement de terre », j'attends des petitouns de cinq ans, mais des « grands » de dix ans, des « ados » de quatorze à dix-sept ans et tous les parents de ce petit monde-là. D'autant plus que c'est un spectacle hyper-rock avant tout !
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Dorothée rockeuse des familles, était-ce une vieille vocation ou bien un supplément de levure pour l'animatrice-productrice de « Pas de pitié pour les croissants » ?
Ni l'un ni l'autre. Je suis organisée, mais pas calculatrice. Un enchainement de hasards et de circonstances a voulu que je chante. J'y ai pris goût. Et aujourd'hui sans m'estimer rockeuse, je crois pouvoir dire que je suis une bonne chanteuse de variété populaire capable d'assumer
un show à la Johnny, à la France Gall ou la Jeanne Mas ! L’équipe ? L’habituelle : mes cinq musclés plus quatre danseurs et deux demoiselles choristes. Le décor ? Les ombres et les lumières de Jacques Rouveyrollis.
- Et le rêve dans tout ça ? J'ai l'impression que le mot fée vous agace…
- Oh oui ! Parce qu'il ne me convient pas. Le rêve ? (Froncement de sourcils) C'est vrai qu'à un moment j'ai eu un peu peur, dans le monde que je propose, de tuer l'imaginaire à la racine. C'est drôle, parce que moi-même je déteste tout ce qui est robots, ordinateurs, gadgets électroniques... Et puis je me suis rendu compte que les enfants ont toujours cette même faculté d'invention. D'un bout de carton ils peuvent construire une galaxie... Et cela m'a rassurée. Disons que l'univers que j'offre est complémentaire à celui de Chantal (Goya) ou Henri Dès. Le patrimoine légendaire et l'évasion science-fiction sont deux éléments qui font très bon ménage dans les petites cellules grises. »
Ce qui en revanche semble un casse-tête dans l'occiput de cette abeille cathodique : l'avenir.
« 1990 ? Il se résume pour le moment à mon show à Bercy. Impossible de voir plus loin. J'ai un trac à la dimension des lieux. De toutes façons je n'ai jamais rien planifié de ma vie. Sauf peut-être le cinéma. Quand je serai très vieille, le soir à la chandelle. Parce que des rôles de vieilles dames c'est plus demandé qu'on ne pense et il n'y a pas de concurrence. Et encore, il faudra que ce soit un Spielberg qui me le propose. »
Monique PRÉVOT
(Bercy du 6 au 21 janvier.)