Dorothée : l’autre idole des jeunes
La croix – 29 décembre 1983
Il est des sourires qui crèvent l'écran. Celui de Brigitte Fossey au cinéma. Celui de Dorothée à la télévision : un sourire complice, malicieux, charmant, qui apparut sur TF1 il y dix ans (comme le temps passe), lorsque la première chaîne lança ses après-midi du mercredi à destination de la jeunesse. C'est l'ancienne speakerine Jacqueline Joubert qui « découvrit » Dorothée, lors de représentations théâtrales d'amateurs montées dans son lycée.
Celle qui rêvait, comme toutes les filles, de devenir comédienne, connut ainsi la chance de sa vie. Un concours de présentatrices sur Antenne 2 en 1977, et voilà la jolie frimousse promue femme-tronc pour adultes : un tremplin pour qui cache, derrière la séduction, une tête bien faite, et aussi quelque talent : François Truffaut, puis Robert Enrico sauront révéler celui-ci, le premier dans l'Amour en fuite, le second dans Pile ou face. Certes, Dorothée ne sera jamais Isabelle Adjani, mais le pari est tenu, et l'on reverra à coup sûr la petite animatrice des étranges lucarnes sur des écrans plus prestigieux.
Pour l'heure, Dorothée est revenue à ses premières amours : les enfants. Le créneau était à prendre et déjà Chantal Goya, parfaitement dirigée par son mari Jean-Jacques Debout, en occupait une bonne partie. Dorothée lui sauta dans la roue, et les deux jeunes femmes se disputent aujourd'hui la palme dans les cœurs des tout-petits. En cette fin d'année, le gentil minois de Dorothée trône sur tous les programmes TV, sur les rayons de disques des grands magasins, à la devanture des librairies. Un show samedi dernier sur Antenne 2, des chansons aussi gnangnan que celles de sa concurrente directe : Hou la menteuse, Pour faire une chanson, Rox et Rouky, à longueur d'antenne sur les périphériques et quatre millions de disques vendus ! Sans parler, bien sûr, des émissions régulières, « Récré A 2 » (le mercredi) et « SVP Disney (le dimanche).
Un superbe palmarès. Et de beaux jours devant elle : Dorothée, qui a eu 30 ans en juillet, sait que son public enfantin, par définition, est intarissable...
Bernard LECOMTE