A la conquête du P.A.F., les amazones de l’audimat
1991
D'Anne Sinclair à Christine Ockrent, en passant par Claire Chazal, Caroline Tresca ou Christine Bravo, la télévision se conjugue au féminin. Chaque jour, les dames s'imposent un peu plus. Iront-elles jusqu'à détrôner les machos du P.A.F. (Paysage audiovisuel français) ? La révolution en jupons est en marche.
Sur nos chaînes, les grandes gagnantes sont bien sûr les dames de l'info. Avec Anne Sinclair qui, sur T.F.1, décroche le gros lot. Tous les dimanches soirs, son « 7 sur 7 » fait un tabac. La Anne est la championne de l'Audimat ; qu'elle participe à une autre émission, comme récemment « Tous à la une », et les indices d'écoute explosent. Jolie et professionnelle, c'est une maîtresse-femme qui sait séduire.
La reine Anne
Pour contrer sa popularité, La 5 tente de lui opposer un Jean-Pierre Elkabbach qui reste pour l'instant à la traîne. « Il n'y a pas de match », dit Anne. Le secret de sa réussite ? <Mon souci est d'éviter que les débats tombent dans la démagogie et la langue de bois. Au fait, aurait-elle des vues sur le 20 heures ? Non. P.P.D.A. peut dormir tranquille !
Une autre recrue de T.F.1, transfuge d'Antenne 2, Claire Chazal assure les week-ends de l'info. Encore une battante qui a remplacé haut la main le ringard Ladislas De Hoyos. Quelle autre tête fera-t-elle bientôt tomber ? Dans les couloirs de la chaîne privée, certains prennent déjà des paris. Combien de temps pour chasser P.P.D.A. du vingt heures ? Déjà à l'école, elle voulait être la première ! « La notoriété ouvre tant de portes », avoue-t-elle. Un Rastignac en jupons qui n'a pas fini de faire des ravages.
Femmes tous azimuts
Autres stars de l'info, Ruth Elkrief, sur T.F.1, mais aussi Béatrice Schönberg et Marie-Laure Augry, sur La 5. Celle-ci avoue n'avoir jamais été, dans son métier, victime de sexisme. Et de tirer même la sonnette d'alarme : « Je pense au contraire qu'à la télé, il faudra imposer un jour un quota pour protéger l'emploi masculin. »
C'est vrai, elles sont là, partout, stars de l'info ou du divertissement. Les anciennes s'accrochent à leur Audimat : Christine Ockrent, Evelyne Leclercq, Simone Garnier, Eve Ruggieri, Monique Cara, Pierrette Brès et bien d'autres encore. Les speakerines et les
dames de la météo ne manquent pas à l'appel. Et puis, il y a les autres. Les Dorothée, Annie Pujol, Fanfan, Caroline Tresca, Sophie Davant, comment les citer toutes ? Même les présentateurs-vedettes, comme Michel Drucker ou Patrick Sabatier, ne s'entourent que de collaboratrices. Ce sont aussi des femmes qui tirent les ficelles artistiques, comme Dominique Cantin sur T.F.1, ou Marie-France Brière, sur Antenne 2. Décidément !
Nouvelles recrues
Femmes, femmes, femmes ! Si Serge Lama les encense, le téléspectateur leur fait fête. Normal, elles séduisent. Un terrain où l'homme se comporte trop souvent comme un albatros sur le pont d'un navire. Non seulement, elles séduisent, mais elles surprennent, ce qui revient au même. Et ça marche !
La femme est l'avenir de l'homme ! écrivait Aragon. Et peut-être aussi du P.A.F. ! La preuve, ça embauche à tour de bras. Les chasseurs de tête traquent sans répit la perle rare, celle qui demain mettra de la dynamite dans l'Audimat. Christine Bravo est une de ces recrues new-look qui introduisent impertinence et humour sur nos écrans. Avec « Merci et encore bravo », son rendez-vous hebdomadaire sur Antenne 2, elle joue les Dechavanne en jupons ! Alors, gare à Christophe !
Les femmes de Dechavanne
Justement, on a accusé le grand prêtre de « Ciel, mon mardi » d'être un sacré misogyne. Il ferait une grande consommation de collaboratrices et, de peur qu'elles ne le coiffent au poteau, hop ! Au panier ! Vrai ou faux ? Christine Bravo fut l'une de ces snobées. « A mon arrivée, Christophe était formidable, déclare-t-elle. Soudain, l'ambiance s'est détériorée. Dechavanne voulait la vedette à part entière ! » Du coup, elle lui claque la porte au nez ! Ça ne lui a pas trop mal réussi.
Autre enfant terrible du P.A.F., Sophie Favier qui, toujours à « Ciel, mon mardi », est en train de se tailler une petite part de popularité. Mignonne, un cheveu sur la langue, l'ex-Coco Girl n'a pas non plus sa langue dans sa poche. Absente une semaine de l'émission, on crut qu'elle aussi avait été éjectée, mais devant les gorges chaudes de la presse, il semble bien que Dechavanne l'ait réintégrée.
Une femme dans les vestiaires
Adeline Hallyday, elle, fait son entrée sur M.6. Quant au service des sports de T.F.1, il n'a pas hésité à engager Marianne Mako, l'une des seules spécialistes de foot à la télé. Elle est aussi la seule journaliste à être autorisée à pousser la porte des vestiaires. « Au début, j'ai essuyé des plâtres, dit-elle. Certains ont été surpris de voir débarquer une femme. Il y avait de la gêne, parfois de l'indifférence, et même de la provocation. » aujourd'hui, elle est devenue la mascotte des joueurs.
Combatives, travailleuses, séductrices en diable, les dames du P.A.F. continueront à tous les coups de déstabiliser leurs confrères masculins. Un challenge où elles jetteront toutes leurs forces vives. Tenez-vous bien, messieurs !
Jean-Pierre FILY
La revanche des femmes
Longtemps considérée comme le « sexe faible », la femme est aujourd'hui sur tous les fronts. Et ce n'est pas Edith Cresson, notre Premier ministre très contesté, qui dira le contraire ! Selon une récente enquête de I'OC.D.E., les femmes sont aussi de plus en plus nombreuses à la tête d'entreprises. Aux États-Unis, entre 1975 et 1985, leur nombre a augmenté de 56 %. En Allemagne, une création sur trois est le fait d'une femme, et en France, 22 % des entrepreneurs sont des femmes. Ces nouveaux patrons en jupons opèrent dans tous les secteurs : 46% se consacrent au commerce, 12% aux soins de beauté, 9% à l'artisanat, 10% aux professions libérales et 1 % à l'industrie. Aux États-Unis, les experts estiment que ce sont les femmes qui dirigent réellement le pays. La plupart sont multi-milliardaires. Ce sont souvent de jeunes veuves, un véritable lobby. Une femme à la Maison Blanche ? Un scénario-fiction qui pourrait très bien devenir réalité. Selon de nombreux psychologues, avec une femme au pouvoir les risques de conflit armé seraient diminués de moitié. « Faites l'amour, pas la guerre » deviendra-t-il bientôt le slogan privilégié des nations ? II n'empêche qu'une femme-soldat est souvent plus combative qu'un homme. Cela a été observé lors de la « guéguerre » du Golfe. Alors, gare au revers de la médaille !