Dorothée : « Ma vie privée va très bien merci ! »
Paris Match – 13 mars 1980
Cette jolie fée souriante, entourée d'enfants ravis, est depuis sept ans l'idole des petits téléspectateurs. Dorothée vient d'ajouter une nouvelle facette à ses multiples talents : elle chante pour la première fois dans un conte musical dont elle est évidemment la star et qui s'intitule « Dorothée au pays des chansons ». Elle fait aussi du cinéma, avec le même enthousiasme. Après « L'amour en fuite » de Truffaut, dont elle avait été la révélation, l'animatrice des mercredis d'Antenne 2 aura attendu quatorze mois et Robert Enrico pour retrouver le grand écran : Enrico lui a donné le premier rôle féminin dans « Pile ou face » qu'elle vient de commencer à Bordeaux, avec Noiret et Serrault.
Elle a changé, la petite Frédérique Hoschédé, jeune étudiante que Jacqueline Joubert avait découverte, il y a sept ans, devenue depuis animatrice sous le nom de Dorothée. A dix-neuf ans, elle se destinait à une carrière touristique, en poursuivant une licence d'anglais à la Sorbonne. Par timidité, elle disait : « Je n'ai pas tellement d'ambition. »
Aujourd'hui, elle accepte ce qui lui arrive, en refusant de faire un choix définitif : « Je suis d'abord speakerine à la TV, le cinéma est un passe-temps. C'est une expérience, comme la chanson. On m'a proposé de chanter dans un conte musical pour enfants ; j'ai accepté, car le hasard me donne peut-être un nouvel espoir. » Dorothée déteste la photo. « Je ne me vois jamais sur le petit écran, dit-elle, car je fais du direct. Je n'aime pas ce qui est figé. »
Elle oppose un mutisme absolu dès qu'on évoque sa vie privée. A-t-elle un homme dans sa vie ? A ce mot, cette mini-tigresse de quarante-six kilos bondit en sortant ses griffes : « Ma vie privée va très bien, merci ! » On est rassuré !
Elle a au moins une qualité, la lucidité : « Je n'ai aucune sécurité dans mon métier. J'ai déjà connu dix-huit mois de chômage. Rien ne dit que mon contrat de speakerine sera reconduit l'an prochain. Il faut se dire tous les jours que la gloire s'acquiert à titre précaire et révocable et je ne suis pas différente des autres ».
JEAN-CLAUDE ZANA
PHOTO MICHEL LE TAC