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MERCREDIS MAGIQUES SUR A2 AVEC LA FEE GOYA

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Quand Jean-Jacques Debout l'a rencontrée, elle était jeune fille au pair et rêvait de devenir journaliste. Instantanément épris de son visage angélique, il lui dit : « Épousez-moi, nous aurons deux enfants et vous serez célèbre à trente ans ! »
Chantal, qui allait devenir Goya, eut la sagesse d'accepter ce pari de fou. Dix-sept millions de disques plus tard, la télévision réclame cette fée qui sait sur qui compter.

PAR YVES COUPRIE


En décembre 1987, Claude Contamine, P.-D.G. d'A2, propose à Chantal Goya d'animer chaque mercredi après-midi une émission pour les enfants. Il la veut à tout prix, eu égard à l'indice de popularité de celle qui fut la première à ouvrir la voie royale de la chanson pour tout-petits. Chacun croit savoir, à priori, qui est Chantal Goya : de la gentille fillette à la fée Carabosse, de la poupée « gnangnan » à la reine des enfants, tout le monde s'est fait son opinion – plus souvent à tort qu'à raison. - On connaît la chanson : chaque star a une épée de Damoclès au-dessus de sa couronne d'épines pour les martyrs, de roses pour les lauréats. Comment Goya vit-elle cela ? « On peut me critiquer en tant que chanteuse, si on veut. Mais je me considère comme un personnage, pas comme une chanteuse. Quelqu'un qui fait plus du spectacle musical que de la variété. Chantal est lucide : elle est avant tout une « image ». Mais qu'y a-t-il derrière ? « Je pense être insaisissable mais vraie ; complètement entière et sincère, et parfois presque une écorchée vive. Cette sensibilité me permet d'être comme irréelle pour le monde des enfants. Je ne sais pas jouer la comédie. C'est pour cela que je ne pouvais pas être autre chose que moi-même au cinéma. »
Quand Jean-Luc Godard l'a fait tourner, en 1965, dans « Masculin féminin »>, il ne s'y est pas trompé. Avant de l'engager, il l'a observée pendant une demi-heure à la terrasse d'un café, et son naturel l'a emballé ! « Je n'ai jamais voulu être une star, dit aujourd'hui Mme Debout. Ce qui est fantastique, pour moi, c'est de penser à ces enfants qui, quand ils me voient à la sortie d'un spectacle, n'arrivent pas à réaliser que c'est moi. C'est le plus beau des cadeaux ! »


Sur scène... dans un grand ciel étoilé
Elle ajoute : « C'est grâce aux rêves qu'inspirent mes spectacles qu'on se rencontre avec les enfants. Cela ne peut pas s'inventer, on ne peut pas le fabriquer ! Si on me de- mandait de fabriquer une Chantal Goya, je ne pourrais pas le faire. C'est au moment où je suis sur scène que ça se passe. Dans la vie, je suis normale, je peux assumer mes responsabilités. Sur scène, je suis moi aussi dans le rêve, dans un grand ciel étoilé. Ce qui est en moi en sort à ce moment. Ailleurs, je ne pourrais pas le faire. Sauf, peut-être, en écrivant. Mais sûrement pas en peignant : j'ai beau m'appeler Goya, je ne sais pas peindre ! » Et la fée Goya de sourire de ses petites quenottes d'enfant. C'est ce sourire qui fascine tant chez elle : il enjôle...
A quarante-deux ans, Chantal Goya a largement de quoi sourire : Jean-Jacques Debout a tenu sa promesse. Il lui a donné deux enfants (une Clarisse très jolie et un Jean-Paul musicien), désormais majeurs, et la célébrité. Chacun de ses albums se vend en moyenne à quatre cent mille exemplaires, et le courrier de ses petits fans s'empile sur le secrétaire de son appartement de l'île Saint-Louis. Avant sa mort, Coluche était au nombre de ses amis. Il lui avait dit un jour, avant une émission de télévision : « Je ne me permettrais jamais de te critiquer, je n'ai pas envie de me retrouver avec tous les enfants sur le dos ! »
En tout cas, si Chantal doit son succès aux enfants, elle ne les oublie pas... « Ce qui me touche le plus, quand je vois les actualités, c'est la misère des enfants. Avec Jean-Jacques, on a toujours fait tout ce qu'on pouvait pour les aider. On ne fait pas une carrière pendant dix ans avec les enfants si on ne les aime pas. J'adore leur façon de rêver, leur façon d'être. Si
je peux leur apporter du merveilleux et de l'imaginaire, je continuerai à le faire longtemps. » A l'entendre parler, on sent son amour pour les enfants.
En plus de son émission de télévision, Chantal travaille actuellement à la création de la Fondation Goya pour les enfants. Elle vient d'acheter avec son mari une magnifique propriété dans les Deux- Sèvres le château de Saint- Loup, qu'elle compte offrir aux enfants. « Ce n'est pas pour y habiter qu'on l'a acheté, mais pour y inviter tous les enfants qui en ont besoin, des boat people aux enfants déshérités. Pour qu'ils puissent y passer des vacances. Ce château, c'est le plus beau cadeau que je pouvais leur faire. »


Le Soleil levant de Chantal
Comme pour prouver à quel point le hasard fait bien les choses, Chantal Goya nous a raconté cette anecdote : * A l'époque où je venais d'enregistrer mon second quarante-cinq tours, "Une
écharpe, une rose", un titre plutôt anachronique en plein "boum" du rock et de la pop music, un Japonais m'a abordée près des Champs-Élysées. Il voulait savoir où se trouvaient les bureaux de RCA. Justement, je sortais de chez eux avec mon nouveau disque sous le bras. Je lui en ai fait cadeau après lui avoir indiqué le chemin…
Six mois après, les gens de ma maison de disques m'apprennent que je suis numéro trois au Japon, derrière Elvis Presley et les Rolling Stones ! Et cela grâce au Japonais que j'avais croisé
dans la rue ! Il avait adoré mon disque et était propriétaire de trente radios japonaises... »


Si Chantal m'était contée
Son émission pour enfants aura lieu chaque mercredi, de 14 h 40 à 15 h 10, à partir du 3 février. Chantal Goya nous en a dit un peu plus sur la forme qu'elle compte lui donner : « Ce sera chaque semaine une petite histoire différente, sous forme de conte. J'y serai mise en scène au milieu de mes personnages et de mes décors. Jean-Jacques va essayer d'écrire de nouvelles chansons pour cette occasion. Mais comme on doit aller très vite pour préparer les premières émissions, on va reprendre certains de mes derniers titres. »

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