Dorothée : Sauver une seule vie, c'est déjà magnifique!"
Ciné télé revue – 19 décembre 1996
Au printemps dernier, l'avenir de Dorothée à la télévision semblait compromis. La suppression de ses émissions quotidiennes ne laissait rien présager de bon, même si l'animatrice conservait ses rendez-vous du mercredi et du samedi. Pourtant, depuis la rentrée, la reine des enfants a repris sa place journalière dans la grille de TF1 et évolue à l'antenne dans un univers réactualisé. En plus, son spectacle "Dorothée Magique" vient de récolter un joli succès sur la scène de Bercy, et l'animatrice sort un premier single extrait de l'album "La honte de la famille", qu'elle interprète en duo avec Jennyfer dans le rôle de sa "petite sœur". Dorothée s'explique sur les changements de ces derniers mois.
Le "Club Dorothée" vit désormais sous le signe de l'informatique. Les enfants ont-ils un tel besoin d'outils de pointe ?
Nous sommes devenus une émission cyber, disposant d'un ordinateur qui permet d'avoir des nouvelles du monde entier et de joindre des correspondants aux quatre coins de la planète. Cette recherche de l'actualité fait dorénavant partie de la vie des enfants. Leur vie tourne autour de l'informatique. Alors, autant se mettre au goût du jour. Auparavant, les jeunes ne bénéficiaient pas de tous ces moyens de communication. Aujourd'hui, il faut leur permettre d'accéder à un maximum de données. Ils sont avides d'informations.
Quel genre privilégiez-vous ?
Des choses simples, de tous les styles : la création d'une nouvelle télévision qui sera peut-être programmée en France, le bébé de Madonna, etc.
Internet fait actuellement l'objet de critiques en raison de la facilité d'accès aux réseaux pornographiques. En leur offrant la possibilité de découvrir cet univers informatique, vous ne craignez pas les dérapages ?
Notre Internet n'est pas le vrai. Ce système est avant tout interactif et permet aux jeunes téléspectateurs de nous contacter.
Pour quelles raisons vous avait-on supprimé, il y a quelques mois, les émissions quotidiennes ?
Parce que les pubs destinées au public en bas âge manquaient. Aujourd'hui, à l'approche de Noël, les annonceurs dont le produit concerne les enfants sont plus nombreux. Par conséquent, on programme des émissions pour les jeunes. Bref, je suis tributaire des annonceurs. C'est la vie.
Plutôt dur comme politique...
Non.
Que feriez-vous si tout devait s'arrêter demain ?
Autre chose, mais je ne sais pas encore quoi.
Vous êtes-vous déjà dit qu'il était temps de penser à une reconversion ?
Non, jamais. Mais je n'étais pas punie. C'était une tactique et une écoute différentes de la chaîne. C'est la politique de TF1. Moi, je me contente de la suivre. Ce n'est pas une guerre. En outre, je savais qu'on allait reprendre le cours normal des émissions à la rentrée. Mer mercredis ont également changé. Je suis seule à animer, sur un nouveau plateau qui fait 360°. On ne me cache rien. C'est fatigant car je vois tout ce qui se passe autour de moi. Mais je m'amuse comme une petite folle. Cette mise en scène n'a rien de comparable avec la télé statique, pour laquelle je me contentais de m'asseoir sur une chaise et de parler.
Quels sont les résultats de "Des millions de copains", votre grande chaîne de l'amitié ?
Positifs. Et j'en suis très satisfaite, car je tiens particulièrement à cette séquence. On ne l'a jamais arrêtée, même pendant les vacances. Sauver ne fût-ce qu'une vie est magnifique. Grâce à "La chaîne de l'espoir", programmée le dernier dimanche de chaque mois, on peut aider un bon nombre d'enfants à reprendre une vie normale. On a, par exemple, été confronté au cas d'une petite fille d'Afrique qui s'était brûlée à la gorge et dont le menton était collé à la poitrine. Elle ne pouvait plus se nourrir ni boire. Or, "La chaîne de l'espoir" permet de recevoir l'enfant en France, de le confier aux médecins et aux familles d'accueil, qui le prennent en charge un mois ou six semaines. La petite fille en question a donc été opérée chez nous et a maintenant un cou normal. D'autre part, on essaie de créer des maisons de vacances pour les enfants atteints du sida. Les grandes associations réclament un coup de main et le public continue de participer. L'argent qui provient des dons des téléspectateurs, est surveillé et contrôlé.
Marie-France ADNET