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Thierry Gali - Chanteur

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Thierry Gali, chanteur pour enfants, se remémore quelques anecdotes de son passage chez AB Productions, au côté de Dorothée.

 

« J’ai rencontré Dorothée deux ou trois fois avant de travailler avec elle. Les contacts étaient différents à chaque fois. Avant les concerts, elle était quelqu‘un de très speed avec des interviews qui duraient dix minutes montre en main avec soit Jean Luc ou Jean Bigot qui était tout le temps derrière elle.

Quand j’ai voulu travailler dans le monde des enfants, j’ai pris rendez-vous avec Jean Luc Azoulay. Ce personnage imposait le respect et installait une certaine distance. Le rendez-vous se passait bien, et je me souviens que Dorothée a débarqué dans le bureau, se prenant la tête avec lui, en train de hurler à cause d’une interview de Paris Match, sans m’accorder un seul regard. Ils étaient tous les deux dans un état de nerfs incroyable. J’ai pris mon courage à deux mains pour les interrompre et leur proposer mes services. Dorothée, amusée, m’as dit « Ok  tu te débrouilles avec Jean Luc ! »… Cette scène a duré trois minutes, mais pour moi, c’était une éternité !

J’ai commencé en Juin 1988 et ça a été d’emblée, le rush le plus total. Par exemple, un soir Jean Luc m’appelle le soir pour venir le lendemain à l’aube pour le tournage d’un nouveau clip de Dorothée « Attention Danger ». J’y suis allé sans vraiment savoir ce que je devais faire. Finalement, j’ai appris que je tournais dans le clip. Le docteur Klein avait ramené plein d’animaux du zoo de Vincennes, c’était assez surréaliste. A un moment, un crocodile qui était censé être endormi, s’est mis à bouger pile au moment où Dorothée l’enjambait. Elle a eu une peur panique !

Je me souviens du dernier « Club Dorothée » de cette saison. C’était la fiesta sur le plateau. Dès la fin du direct, elle est allée se démaquiller et se changer. Elle est revenue en jean, baskets, les cheveux lâchés, on avait vraiment l’impression qu’il y avait deux Dorothée : comme tout artiste, elle jouait un personnage. Après que Azoulay soit monté sur une estrade pour remercier tout le monde, Dorothée, épuisée et en plein contrecoup de la pression de l’année qui s’achevait, a fini par accepter de faire un petit discours même si elle n’y tenait pas vraiment. Très froide et en râlant elle a lancé « Ecoutez ça a marché cette année, tant mieux. De toute façon, l’année prochaine, il faut que ça marche au moins aussi bien sinon on est tous virés, vous comme moi ! C’est comme ça ! Ciao ! » Dorothée m’avait glacé le sang ce jour-là.

Un jour, en bas de chez AB avenue Kléber, j’ai accompagné Dorothée dans un café où elle allait tous les jours. Je l’ai vue scruter l’horizon et me chopper par le bras en me faisant rentrer dans le café à toute vitesse. Je me demandais ce qui lui prenait, je n’avais jamais vu quelqu’un baliser de la sorte. C’est là qu’elle m’a dit « Regarde dehors ! » Et, effectivement, une centaine de gamins, une colo ou un groupe de centre aéré, passaient devant le café. Dorothée m‘as dit : « Si jamais je n’étais pas aussi vive, c’est à toi de l’être. Si jamais je m’arrête, je commence à signer un autographe, chacun des cent gamins va me demander dix autographes, pour un cousin, une cousine… Cent fois dix, ça fait dix mille autographes que je ne peux me permette de signer. Si je le fais, j’en ai pour deux heures minimum et ce n’est pas possible avec mon emploi du temps. Si je leur dis que c’est un seul autographe, les enfants ne vont pas comprendre et je vais les décevoir. Je pourrai faire un coucou collectif mais on n’est pas à l’abri d’un commentaire d’adulte qui déformerait la réalité » Elle m’a expliqué cela calmement et de manière réaliste car cela avait déjà dû lui arriver.

Pour moi, Dorothée c’est un clown à deux visages. C’est la fille sympa et chouette. Mais j’ai toujours ressenti que, derrière tout ça, il y avait une âme vraie, quelqu’un de très profond qui se protège énormément et qui va répondre, quand ça l’arrange, par une pirouette. Elle a une richesse intérieure et a préféré, quelquefois montrer un visage presque superficiel, alors qu’elle ne l’est pas absolument pas. »

Extrait de "Dorothée : Merci pour la récré" - Editions de la Lagune - 2008

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