Une nouvelle coupe de cheveux et des projets plein la tête...
Ici Paris - 1997
Après 24 ans de bons et loyaux services, elle va enfin commencer à vivre!
Pendant vingt-quatre ans, elle a été la bonne fée des enfants à la télévision. Elle a en plus trouvé le temps de faire des disques, de se produire au Zénith et de répondre aux interviews... Si les enfants l'adoraient pour sa spontanéité, les adultes n'étaient pas insensibles non plus à sa joie de vivre. Et son minois a même séduit des réalisateurs comme François Truffaut qui lui a fait tourner L'Amour en fuite et Robert Enrico, Volte-face.
Au moment où on annonce l'arrêt définitif du Club Dorothée sur TF1, l'animatrice n'abandonnera pas pour autant les enfants, "ses copains" comme elle dit. Elle a des projets plein la tête : une nouvelle formule d'émission pour la jeunesse sur France 2, une série familiale comme Ma sorcière bien aimée dont elle sera la vedette et enfin, vous la verrez d'ici à un an dans un film au cinéma. D'ailleurs sa nouvelle coupe de cheveux est un signe qui ne trompe pas: elle annonce bel et bien une nouvelle vie...
Sa réussite n'est pas due au hasard... Elle a toujours consacré la plus grand partie de son existence au travail. Si elle joue très bien au piano, pratique le tennis et aime l'équitation, elle a toujours donné la priorité à son métier d'animatrice.
Pourtant même si la vie paraît l'avoir comblée, il reste un mystère autour de Dorothée. Vit-elle seule? A-t-elle un homme dans son existence? La présentatrice a toujours été d'une discrétion absolue sur sa vie privée. "Mon métier compte avant tout" a-t-elle toujours déclaré. Voulant dire par là qu'avoir une vie de femme mariée était incompatible avec le choix qui a été le sien dès ses débuts : consacrer toute son énergie au public.
Remontons le temps et imaginons la jeune Frédérique Hoschedé - qui ne s'appelait pas encore Dorothée- en terminale à l'institut Notre-Dame, de Boug-la-Reine. Papa est ingénieur, maman est femme au foyer. Elle est bonne élève. Rien d'exceptionnel si ce n'est la création d'une petite troupe de théâtre à l'intérieur de son école. Elle écrit une adaptation moderne des Caprices de Marianne d'Alfred de Musset et la présente lors d'un concours au théâtre Montansier, à Versailles. L'un des membres du jury, qui est responsable des programmes jeunesse à la télévision, la remarque et lui propose, un an plus tard, d'animer les premiers mercredis de la jeunesse à la télévision. Douze mois passent. De nombreux directeurs arrivent, qui continuent à lui accorder leur confiance en lui offrant de présenter Les visiteurs du mercredi. Jusqu'au jour où elle s'entend dire d'un ton désolé par un assistant : "Tu sais que demain tu ne seras plus là?"
Dorothée part aussitôt à la chasse aux renseignements et se rend compte qu'aucun responsable n'a osé lui dire "qu'on ne la trouvait pas du tout faite pour présenter des émissions pour la jeunesse"...
La jeune femme se retrouve donc au chômage avec le bac pour seul bagage, puisqu'elle a abandonné ses études d'anglais pour pouvoir se donner à fond à son métier. Pour vivre, elle devient serveuse dans un café du Quartier latin, fait des animations dans les supermarchés, est employée comme secrétaire dans une société de robinetterie... Mais le virus de la télé s'est enraciné en elle et ne la lâche plus. Pendant ses loisirs, elle rôde dans les coulisses de la télévision.
C'est ainsi qu'elle se retrouve "doublure lumière" sur le plateau des Rendez-vous du dimanche de Michel Drucker. Son travail consiste à prendre la place des vedettes pendant les répétitions pour permettre aux techniciens de régler les projecteurs. Elle attire l'attention de Jacqueline Joubert qui lui conseille de passer un concours de speakerine sur A2...
Et c'est elle qui l'emporte.
Son sourire, sa diction plaisent. Aussi, lorsque la chaîne crée une unité jeunesse, on lui propose d'en animer l'émission vedette, Récré A2. En quelques semaines, elle parviendra à dépasser en audience toutes les émissions concurrentes.
Depuis, Dorothée est la fée des enfants. Et de son coté, elle fait en sorte de ne jamais décevoir ceux qui avaient misé sur elle à un moment où il n'y a plus personne pour lui donner une seconde chance.
Toujours prête à partir aux quatre coins du monde pour présenter ses émissions - un jour en Finlande, l'autre mois en Israël, la semaine d'après au Canada -, elle a parcouru des milliers de kilomètres. Difficile d'avoir une vie de famille dans tout ça! Et pourtant, elle ne cachait pas son désir de devenir, un jour, mère de famille.
"Parce que je m'adresse aux enfants, on me demande souvent si je n'ai pas envie d'en mettre au monde. Bien sûr, j'aimerais en avoir un à moi. Je suis persuadée que si cela m'arrive un jour, je serai très mère poule et très sévère sur le plan de l'éducation. Mais je ne veux pas avoir d'enfant tant qu'il ne m'est pas capable de m'en occuper totalement. Donc, pour le moment, je ne peux même pas y penser vraiment. Je ne veux pas abandonner ce métier que j'aime et qui est toujours mon existence."
Le répit forcée que lui vaut aujourd'hui l'interruption du Club Dorothée arrive à point nommé. A l'heure où sa vie bascule, la présentatrice va pouvoir se donner le temps de rencontrer celui qui la rendra heureuse, lui permettre d'être enfin maman et de réussir sa vie de femme...