Un petit air de fête
France-Soir – 16 avril 1981
QUINZE millions d'enfants du tiers monde meurent chaque année de malnutrition, souligne l'Action internationale contre la faim sur un de ses panneaux installés dans le hall de l'Olympia. Cette association rappelle en même temps son cruel manque d'argent. Conseillons-lui de s'adresser aux marchands du temple du show-business français. Après Carlos et Chantal Goya, ils possèdent en Dorothée une nouvelle idole pour les moins de 12 ans, capable de remplir un nombre impressionnant de caisses ou de portefeuilles. Car Dorothée réunit en elle toutes les conditions de la réussite. Sa comédie musicale « Dorothée au pays des chansons » - à l'affiche de l'Olympia jusqu'au 20 avril, le prouve de nouveau très nettement. Elle chante avec une voix à la fois fluette et gracieuse, danse avec légèreté, dialogue en permanence avec son public sans jamais se montrer prétentieuse ou hautaine. La petite fée de « Récré A2 » passe aisément de la lucarne du téléviseur à la scène colorée de l'Olympia. = Les enfants retrouvent ses mimiques, ses clins d'œil et sa façon bien à elle de remuer sa tête de poupée. Au pays des chansons où les êtres humains font place à des instruments de musique représentant les différents genres des rengaines d'autrefois aux airs entrainants du rock ‘n roll, Dorothée confirme des dons de comédienne révélés au cinéma. Et quand le rideau tombe, les enfants ont bien raison de la remercier en arrivant nombreux avec de bien jolis bouquets de fleurs. Pas une ombre n'apparait donc au tableau, si ce n'est une sonorisation bien défaillante. Cet examen de scène passé avec succès par Dorothée mérite qu'on s'y arrête. Comment l'expliquer ? L'impact de la télévision joue un rôle non négligeable. Mais travaillée bien davantage que sous la tour Effel l'hiver dernier, la comédie musicale met en valeur intelligemment l'animatrice de « Récré A2 et séduit pour avoir été construit comme un véritable spectacle. Devenus à leur tour des consommateurs de l'industrie des variétés, les enfants applaudissent aussi et surtout en Dorothée une jeune femme qui ne les prend pas pour des spectateurs dépourvus de cervelle.
François PRASTEAU