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Dorothée : « Vas-y fonce », me disait Serrault et je n’avais plus le trac

France-Soir – 12 août 1980

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Monique PANTEL


DES yeux marron, un petit visage pointu, un charme acidulé, Dorothée est speakerine sur A 2 depuis bientôt quatre ans. Chaque mercredi, en direct, elle anime en outre, avec intrépidité, gaieté et fantaisie, une émission pour les jeunes, « Récré A 2 ».
Aussi différente des speakerines classiques qu'un chaton malicieux est différent d'un chat siamois, 'Dorothée ne limite pas ses activités à la télé. Après « L'amour en fuite », où François Truffaut lui fit faire ses débuts au cinéma, elle récidive dans « Pile ou face », où Robert Enrico lui a donné pour partenaires deux des plus grands comédiens français, Michel Serrault et Philippe Noiret. Dans le studio de la rue, Cognacq-Jay, elle parle tout en gardant un œil fixé sur l'écran de contrôle.


Paniquant
C'est votre second film. Pensez-vous être maintenant une comédienne professionnelle ?
- Franchement, je ne sais pas. Je déteste me voir. Je pense toujours que j'aurais pu mieux faire. Dans « L'amour en fuite », j'étais sur un nuage. C'était un film très intimiste. Je ne me
posais pas de questions. Dans « Pile ou face », tourné à Bordeaux avec une grande équipe, j'étais passionnée. Je passais mon temps à regarder autour de moi.
 

- Était-ce drôle, fascinant ou angoissant de jouer avec Noiret et Serrault ?
- C'était paniquant. Dans « l'amour en fuite », j'étais tellement occupée à rassurer Jean-Pierre Léaud que je n'avais pas le temps de penser à moi. Mais là, j'étais effrayée, surtout par Noiret, qui est si grand et si costaud. Je devais avoir l'air très décontractée et lui dire des insolences. Cela était très dur. Serrault est plus petit, donc plus près de moi par la taille. Il est très calme, très pince-sans-rire et quand il voyait que j'avais le trac, il me disait : « Vas-y, fonce.» Cela
me décontractait. A côté de lui, on se sent bien.


- Quelle est la différence entre la télé que vous connaissez bien et le cinéma que vous découvrez ?
C'est complémentaire. La télé, avec l'émission en direct « Récré A 2 », je fais le pitre, je m'amuse. Je suis moi-même pendant deux heures. C'est le cirque. Avec l'équipe, on participe à tout. Au cinéma, c'est le contraire. On vous prend en charge, on vous maquille, et on vous dit
ce qu'il faut dire. Avec un dialogue aussi superbe que celui d'Audiard, à la fois tendre, dur et drôle, pas moyen de changer un mot. Mais surtout, au cinéma, il ne faut pas comme à la télé regarder la caméra. En tournant « Pile ou face » j'ai appris la patience et aussi la vie loin de chez soi, parce que nous étions à Bordeaux.


Sans opinion
- Aimeriez-vous être speakerine en province ?
- Non. J'aime trop Paris.
- Après avoir fréquenté dans un film les deux veufs de « Pile ou face », que pensez-vous du mariage ?
- Le moins que l'on puisse dire, c'est que cela ne donne pas envie de se marier, mais je suis sans opinion. Je ne suis pas mariée mais je n'ai rien contre le mariage.


- Jamais deux sans trois. Aimeriez-vous tourner un autre film ?
Bien sûr. Je croise mes doigts pour que « Pile ou face » me porte chance.

 

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